La chute de la natalité : quelles conséquences économiques à prévoir ?

Publié par Valentin le

La chute de la natalité : quelles conséquences économiques à prévoir ?

Un des plus grands risques pour la civilisation est le faible taux de natalité et sa diminution rapide. Et pourtant, tellement de gens, y compris des personnes intelligentes, pensent qu’il y a trop de personnes dans le monde et que la population est en pleine croissance. C’est complètement le contraire. S’il vous plaît, regardez les chiffres – si les gens n’ont pas plus d’enfants, la civilisation s’effondrera.

Elon Musk 

La baisse de la natalité est une réalité mondiale qui affecte pratiquement toutes les nations, et pas seulement l’Occident.  Aujourd’hui, tous les pays du monde connaissent une tendance baissière, et aucun n’arrive à l’inverser de manière durable.

Selon les projections, d’ici 2050, 76 % des pays auront des taux de fécondité inférieurs au seuil de remplacement, ce chiffre pourrait atteindre 97 % d’ici 2100. La population mondiale pourrait culminer à environ 9 milliards vers 2040-2060, avant de commencer à diminuer très fortement.

Ces changements annoncent une transition démographique mondiale avec des implications économiques et sociales majeures.

La chute de la natalité les conséquences économiques

Cet article abordera la baisse de la natalité dans le monde, réfutera la croyance en la surpopulation, expliquera les raisons de cette diminution ainsi que ses conséquences, et tentera de proposer des solutions.

L’indice utilisé dans cet article est le taux de fécondité, qui mesure le nombre moyen d’enfants qu’une femme est susceptible d’avoir au cours de sa vie. Un taux de fécondité inférieur à 2,1 enfants par femme signifie que la population n’est pas remplacée à long terme, entraînant un déclin démographique.

Table des matières

#1 La baisse de natalité dans le monde

La baisse de la natalité est un phénomène qui touche pratiquement toutes les régions du globe, reflétant des transformations démographiques profondes et inédites dans l’histoire de l’humanité.

Le taux de fécondité de l’Union européenne est tombé à environ 1,53 enfant par femme en 2020, bien en dessous du seuil de remplacement de 2,1, tandis qu’aux États-Unis, le taux de natalité a atteint un creux historique de 1,64 enfant par femme la même année.

Fertility rate Europe

En Amérique du Sud, bien que les taux de natalité restent généralement plus élevés qu’en Europe, ils connaissent également une baisse continue, avec des pays comme le Brésil (1,64) et l’Argentine (1,9).

La situation est encore plus grave dans plusieurs pays asiatiques, notamment au Japon (1,3), en Corée du Sud (0,84) et en Chine (1,2), où les taux de fécondité sont parmi les plus bas du monde, aggravés par des politiques familiales restrictives et des pressions sociales et économiques.

Au Moyen-Orient, les taux de fécondité connaissent également une diminution notable. Par exemple, en Iran, le taux de fécondité est passé de 2,1 enfants par femme en 2000 à environ 1,7 en 2020. L’Arabie Saoudite a également observé une baisse, avec un taux de 2,3 enfants par femme en 2020, comparé à plus de 3 enfants par femme il y a deux décennies.

Certains pays africains, notamment ceux de la région sub-saharienne, affichent encore un taux de natalité élevé. Toutefois, même dans ces régions, il diminue rapidement.

Par exemple, le Niger a un taux de fécondité actuel de 6,8 enfants par femme, en baisse par rapport aux années précédentes. Il y a 10 ans, en 2014, le taux de fécondité au Niger était de 7,6 enfants par femme. En République Démocratique du Congo, le taux de fécondité est actuellement de 5,8 enfants par femme, contre 6,6 il y a 10 ans.

 Si cette tendance se poursuit, il est probable que le taux de fécondité des pays africains passe en dessous du seuil de remplacement d’ici 2050 ou plus tôt.

#2 Un déclin démographique entamé il y a bien longtemps

Contrairement à une idée répandue, la baisse démographique des pays occidentaux a commencé bien avant les années 1970, dès le 19e siècle.

Aux États-Unis, la diminution de la fécondité a débuté au début des années 1800, lorsque les femmes avaient en moyenne 7 enfants. Ce chiffre est tombé à 5,4 en 1850 et à 3,6 en 1900. Cette tendance s’est poursuivie jusqu’en 1940, avec un taux de fécondité de 2,2, juste au-dessus du niveau nécessaire pour maintenir la population.

Bien que les pays occidentaux aient connu un baby-boom après la Seconde Guerre mondiale, cet épisode était temporaire et les taux de natalité sont ensuite revenus aux niveaux d’avant-guerre et ont continuer à diminuer.

Le taux de fertilité aux États-Unis depuis 1800
Le taux de fertilité aux États-Unis depuis 1800

Dans les pays en voie de développement, la baisse de la natalité a commencé plus tardivement, généralement au cours du 20e siècle. Elle s’est toutefois produite de manière plus rapide et plus marquée qu’en Occident, principalement en raison de l’accès rapide aux technologies modernes, aux soins de santé et à l’éducation.

#3 Le mythe de la surpopulation

En 1798, Thomas Robert Malthus publia « Essai sur le principe de population », où il avertissait que la croissance rapide de la population dépasserait la capacité de production alimentaire, conduisant à des catastrophes telles que la famine, la pauvreté, les maladies, les conflits sociaux, l’effondrement économique et la dégradation environnementale.

Il recommandait notamment des mesures telles que la limitation des naissances et le mariage tardif pour freiner la croissance démographique.

Bien que les prédictions de Malthus se soient révélées fausses, principalement parce qu’il n’avait pas anticipé les progrès technologiques et agricoles, ses idées concernant la surpopulation continuent d’influencer les débats sociétaux et environnementaux actuels.

Par ailleurs, certaines projections semblent surestimer l’augmentation de la population au cours des prochaines années. Par exemple, l’Organisation des Nations Unies estime que la population mondiale passera de sept milliards à environ 10,4 milliards d’ici 2080, avant de se stabiliser puis de commencer à diminuer.

Population prediction ONU 2022

Cependant, de plus en plus de démographes pensent que ces estimations sont trop élevées. Ils prévoient que la population mondiale atteindra plutôt un pic d’environ neuf milliards entre 2040 et 2060, avant de commencer à diminuer. D’ici la fin du siècle, la population mondiale pourrait revenir à son niveau actuel et continuer de diminuer progressivement.

En résumé, le véritable défi à venir n’est pas la surpopulation, mais la baisse rapide de la population mondiale, qui nécessitera des adaptations majeures dans la gestion des ressources et des politiques sociales​.

#4 Les raisons de cette baisse de la natalité

Cette section présente trois raisons à l’origine de la baisse de la natalité : l’urbanisation, l’autonomie des femmes et la diminution de la religiosité. Les deux premières raisons sont tirées du livre « Empty Planet » de Darrell Bricker, tandis que la troisième est issue du livre « Shall the Religious Inherit the Earth » d’Eric Kaufmann.

Raison #1 : L'urbanisation

Un des facteurs importants de la baisse de la natalité est l’urbanisation. À mesure que les sociétés se développent économiquement, la population se concentrent dans les villes, entraînant une diminution du taux de fécondité.

Historiquement, 90 % des Européens vivaient dans des fermes au Moyen Âge, où un enfant représentait une aide précieuse pour les tâches agricoles. Cependant, avec la Révolution industrielle, les travailleurs se sont concentrés dans les villes, et les enfants sont devenus moins utiles pour le travail et davantage perçus comme une charge financière.

De plus, l’urbanisation affaiblit les liens familiaux. Dans les sociétés rurales, la famille joue un rôle central, avec les aînés qui aident les mères avec les enfants. En revanche, dans les sociétés urbaines et modernes, les amis et collègues remplacent les membres de la famille comme principaux interlocuteurs sociaux, mais ne sont qu’une aide très limitée et n’encouragent pas à avoir des enfants.

Raison #2 : Autonomie des femmes

Un autre facteur important de la baisse de la natalité, étroitement lié à l’urbanisation, est l’autonomie croissante des femmes.


Au 19e siècle, les femmes en milieu urbain avaient plus de chances de s’informer sur le contrôle des naissances. Les villes, avec leurs écoles et bibliothèques, favorisaient leur instruction. Devenues mieux éduquées, elles ont remis en question leur subordination et lutté pour l’égalité en matière de propriété, de pensions, de droit de vote et de travail.

À mesure que les femmes gagnaient des droits et du pouvoir, elles ont choisi d’avoir moins d’enfants. Historiquement, avoir de nombreux enfants représentait un risque pour la santé des femmes et limitait leur capacité à travailler en dehors du foyer, entravant ainsi leur autonomie et leurs revenus. Une étude de la Banque mondiale a noté que « plus le niveau d’éducation d’une femme est élevé, moins elle a d’enfants.

La diffusion de la contraception a également été déterminante pour permettre aux femmes de contrôler leur fertilité. En donnant accès à des méthodes fiables de planification familiale, la contraception a contribué à l’émancipation des femmes et à la réduction des taux de natalité.

Raison #3 : Baisse de la religion

La baisse de la religiosité a significativement contribué à la diminution de la natalité dans de nombreux pays. Traditionnellement, les religions encouragent de grandes familles et valorisent la procréation. Cependant, à mesure que les sociétés deviennent plus sécularisées, ces valeurs perdent de leur influence.

Les individus, moins contraints par les prescriptions religieuses, privilégient des familles plus petites pour se concentrer sur d’autres aspirations personnelles et professionnelles.

Les données confirment cette tendance : des pays à forte influence religieuse, comme le Malawi et le Niger, affichent des taux de fécondité élevés, tandis que des pays plus laïques comme l’Espagne, où seulement 39 % de la population se considère religieuse, ont des taux de natalité beaucoup plus bas.

#5 Les conséquences économiques d’un déclin démographique

La diminution des naissances aura deux impacts majeurs : une réduction importante de la population et son vieillissement en raison d’une espérance de vie élevée. Ces transformations auront des conséquences inévitables sur l’économie.

Conséquence #1 : Une baisse de la main d’œuvre

La baisse de la natalité entraîne une diminution de la population en âge de travailler, ce qui peut créer des pénuries de main-d’œuvre dans différents secteurs économiques. Cette situation peut limiter la capacité de croissance des entreprises et freiner l’expansion économique.

Ainsi, les générations futures n’auront probablement pas de difficultés à trouver un emploi, mais elles risquent de ne pas réussir à vivre confortablement en raison d’une taxation extrêmement élevée nécessaire pour maintenir les prestations sociales.

Conséquence #2 : Pression sur les systèmes de protection sociale

Avec une population vieillissante et moins de jeunes pour contribuer à son financement, les systèmes de protection sociale, notamment les retraites et les soins de santé, vont subir une pression accrue au cours des prochaines décennies.

En effet, la générosité des systèmes sociaux des pays occidentaux diminuera probablement car ils ne pourront maintenir ce niveau de prestations.

Il est donc recommandé de ne pas compter uniquement sur l’État, mais d’épargner et d’investir dès aujourd’hui pour faire face à toute éventualité et préparer sa retraite.

Conséquence #3 : Une politique migratoire plus ouverte

Pour compenser la baisse de la natalité et le vieillissement de la population, les pays peuvent être incités à adopter des politiques migratoires plus ouvertes. L’immigration peut fournir une main-d’œuvre nécessaire et aider à pérenniser le système social.



Cependant, ces politiques ne constituent pas une solution durable et efficace pour différentes raisons.

Tout d’abord, les populations immigrées, qui font généralement plus d’enfants, adoptent les taux de natalité du pays d’accueil dès la génération suivante.


De plus, étant donné la rapide diminution de la natalité dans les pays d’origine, cette migration est susceptible de diminuer au cours des prochaines années. Les pays qui continuent à avoir des taux de natalité élevés sont généralement ceux où la main-d’œuvre n’est pas qualifiée, et donc souvent non désirée par les pays d’accueil.


Enfin, cette migration, si elle provient de cultures ou de religions différentes, peut entraîner des défis d’intégration, créer des frustrations parmi la population native, former des ghettos et même provoquer des tensions politiques.

Conséquence #4 : Moins d'innovation et de dynamisme économique

Une population plus jeune est souvent synonyme d’innovation et de dynamisme économique, car les nouvelles générations apportent des idées novatrices et des compétences sur le marché du travail.

La baisse de la natalité réduit donc le nombre de jeunes entrepreneurs et travailleurs, freinant ainsi le rythme de l’innovation. À long terme, cela peut ralentir la croissance économique et la compétitivité globale d’un pays.

#6 Quelles solutions pour relancer la natalité ?

Certains pays ont tenté de contrer cette tendance avec des politiques pro-natalistes, obtenant des résultats mitigés.

En Hongrie, où ces initiatives ont débuté en 2010, le gouvernement a mis en place des mesures incitatives telles que des prêts sans intérêt pour les jeunes couples et des réductions d’impôts pour les familles nombreuses.

Cela a conduit à une légère augmentation de la natalité et à une amélioration des tendances démographiques, bien que le taux de natalité reste encore bien en dessous du taux de remplacement.

Taux de fertilité Hongrie

En Russie, où de telles politiques ont été introduites en 2007, des programmes similaires ont été adoptés, incluant des primes à la naissance et des aides financières. Ces actions ont également entraîné une légère hausse de la natalité, mais sans atteindre le niveau nécessaire pour compenser le déclin démographique à long terme.

taux de fertilité depuis 1840 Russie

Darrell Bricker et John Ibbitson, auteurs du livre « Empty Planet », ne voient pas de solution durable pour contrer ces tendances à la baisse. Pour eux, l’immigration, malgré certaines conséquences négatives, est la seule réponse à court et moyen terme.

Ainsi, aucune stratégie pérenne n’a encore été trouvée pour lutter efficacement contre cette diminution significative de la population.

La chute de la natalité les conséquences économiques

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1 commentaire

ATSÉ CHARLES · 21/10/2024 at 3:29 pm

Je relève que votre réflexion s’est limitée aux conséquences sur les plans politique économique et sociale. Vous n’avez pas abordé le volet spirituel de la question. Je veux dire que vous n’avez pas analysé cette baisse de la population en rapport avec la foi chrétienne, dans le contexte général de la création de Dieu. Autrement dit, ce déclin est-il favorable ou non à la vie de l’église ? Dans le cadre de la foi chrétienne, le chrétien doit-il être favorable ou non à la réduction des naissances pour mieux entretenir sa vie chrétienne familiale ?

J’avoue également que je ne partage pas votre jugement de la position de Malthus. En effet, même si certains facteurs comme les progrès de l’agriculture ont semblé contredire Malthus, on ne doit pas ignorer les revers de ces solutions artificielles sur la santé et l’environnement, ainsi que leurs limites. Ces solutions humaines n’ont pas pu régler l’écart entre les besoins de la population mondiale et la capacité de production de la terre.

Nous savons par exemple que selon l’ONG americaine « global footprint network« , chaque année, à une date donnée, la population mondiale finit de consommer ce que la terre est capable de produire et renouveler en un an. Tout ce que nous consommons ensuite est au détriment des générations futures. Et en 2024, cette date a été estimée au 1er août. Malgré donc toute la pertinence de ce qui a été relevé dans votre article, je pense que la question de la démographie mondiale doit être traitée de façon plus profonde en tenant compte de plusieurs autres paramètres.

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