12 problèmes chez les évangéliques
Publié par Valentin le
12 problèmes chez les évangéliques
Au début du XXe siècle, les églises protestantes ont connu une scission entre les courants libéraux, qui adaptaient leur théologie aux évolutions culturelles, et ceux qui souhaitaient rester fidèles aux Écritures : les évangéliques.
En conservant une foi orthodoxe et en restant fermes face aux idées progressistes, les évangéliques ont su préserver les fondements de la doctrine chrétienne, défendant l’autorité de la Bible et les valeurs morales traditionnelles.
Cependant, malgré cet attachement aux principes essentiels de la foi, le mouvement évangélique n’est pas à l’abri de dérives, de faiblesses et de critiques. Il est donc crucial d’effectuer un diagnostic honnête et de reconnaître les lacunes du mouvement pour en corriger la trajectoire et s’assurer qu’il reste fidèle au christianisme authentique.
Cet article explore douze problèmes observés chez les évangéliques, en examinant leurs conséquences et des pistes de réflexion pour surmonter ces difficultés.
Table des matières
Avant-propos
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que moi, l’auteur, et je suis ouvert à la discussion. Mon intention n’est pas de critiquer gratuitement les évangéliques, dont beaucoup sont des croyants sincères, zélés pour le Royaume de Dieu, et à qui je dois ma propre conversion.
L’objectif est plutôt de sensibiliser les membres aux divers défis auxquels le mouvement fait face, afin de susciter une réflexion, une prise de conscience et, je l’espère, des améliorations.
Problème #1 - Un christianisme anti-intellectuel et émotionnel
La connaissance est indispensable à la vie et au service chrétiens. Si nous n’utilisons pas l’esprit que Dieu nous a donné, nous nous condamnons à une superficialité spirituelle et nous nous privons de nombreuses richesses de la grâce de Dieu.
John Stott, Your Mind Matters
Dans certains milieux évangéliques, l’intellect est souvent éclipsé par une démarche centrée sur l’émotion et l’expérience individuelle. Cela conduit généralement à une foi superficielle, dépourvue de profondeur théologique et vulnérable aux fausses doctrines.
Dans ce type d’églises, la prédication et l’enseignement sont souvent légers, se rapprochant davantage d’un discours de motivation. La musique, la mise en scène et l’ambiance sont conçues pour susciter une réaction émotionnelle et un sentiment de bien-être chez le croyant, orientant le culte vers le ressenti plutôt qu’une véritable vénération de Dieu.
Nombreux sont les croyants qui, même après des années dans ces assemblées, ne progressent pas dans leur compréhension des Écritures. Ils restent spirituellement immatures, manquant de fondements nécessaires pour persévérer et grandir dans leur relation avec Dieu.
Un christianisme intellectuel, en revanche, invite les fidèles à une réflexion rigoureuse sur leur foi, leur offrant une base solide pour interpréter les Écritures et éviter les erreurs doctrinales. Il renforce également le témoignage des évangéliques en les rendant plus crédibles et mieux préparés à défendre leur foi face à la société.
Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter cet article : Pour un christianisme évangélique intellectuel et traditionnel
Problème #2 - Un christianisme anti-traditionnel
Le christianisme évangélique a souvent été coupé de ses racines historiques, se privant ainsi de la richesse et de la profondeur que ces traditions apportent à la foi chrétienne.
Mark Noll, The Scandal of the Evangelical Mind
La tradition chrétienne représente l’ensemble des croyances, pratiques et enseignements transmis de génération en génération au sein de l’Église. Il est important de distinguer entre Tradition (avec un T majuscule) et tradition (avec un t minuscule), car elles renvoient à des réalités différentes dans l’histoire chrétienne.
La « Tradition » avec un T majuscule fait référence à l’ensemble des enseignements, pratiques et écrits développés par l’Église au cours de l’histoire pour transmettre, interpréter et approfondir les enseignements bibliques. Elle inclut les décisions des conciles, les écrits des Pères, les catéchismes, et les grandes doctrines chrétiennes.
Quant à la « tradition » avec un t minuscule, elle désigne les pratiques culturelles et liturgiques spécifiques à une époque ou à une dénomination, qui peuvent varier sans toucher aux fondements de la foi chrétienne, comme la liturgie, l’architecture, la musique, l’art, ou les fêtes chrétiennes.
Les évangéliques ne suivent généralement ni l’une ni l’autre. Dans la plupart des cas, leur approche repose avant tout sur une lecture et une interprétation personnelle de la Bible, délaissant les écrits historiques de l’Église.
Ils favorisent des cultes, des styles musicaux et des bâtiments modernes et fonctionnels, souvent dépourvus de la dimension sacrée et de la beauté qui caractérisaient les anciennes traditions chrétiennes.
En rejetant les écrits accumulés par l’Église au fil des siècles, les évangéliques se détachent de l’histoire de celle-ci et réinventent des doctrines déjà examinées et rectifiées par les anciens conciles, s’exposant ainsi à des erreurs doctrinales.
Ce phénomène de rejet radical de la Tradition, apparu au XIXe siècle, a conduit à l’émergence de mouvements hérétiques tels que les Témoins de Jéhovah, les Mormons, ainsi que de doctrines divergentes comme l’Évangile de la prospérité et le dispensationalisme.
L’approche qui me semble la plus équilibrée n’est ni celle des évangéliques, qui tendent à écarter totalement la Tradition, ni celle des catholiques et des orthodoxes, qui la placent sur un pied d’égalité avec l’autorité biblique.
Je privilégie plutôt la perspective des protestants historiques, qui valorisent la Tradition en tant qu’aide précieuse pour comprendre les Écritures, tout en affirmant fermement la primauté de la Bible.
Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter cet article : Pour un christianisme évangélique intellectuel et traditionnel
Problème #3 - L’omniprésence de l’évangile de la prospérité
L’Évangile de la prospérité enseigne que Dieu veut que chaque chrétien soit riche, en bonne santé et prospère. Mais cela ne correspond pas à la vie de Jésus ni à la réalité de la souffrance chrétienne enseignée dans les Écritures.
R.C. Sproul
Aujourd’hui, une grande partie des évangéliques dans le monde appartient aux mouvements charismatique et pentecôtiste, qui ont été, ces dernières décennies, fortement influencés par la théologie de la « Parole de Foi », plus connue sous le nom d’Évangile de la prospérité.
Outre le fait qu’il contredit les Écritures, l’Évangile de la prospérité incarne de façon frappante les excès les plus inquiétants du monde évangélique. Il promeut un christianisme appauvri, déconnecté de la tradition et de l’intellect, marqué par des erreurs doctrinales et des hérésies, dépourvu de beauté spirituelle et centré sur une vision matérialiste de la foi.
Ce mouvement est né de la fusion entre le christianisme et la Nouvelle Pensée, un courant spirituel et métaphysique apparu aux États-Unis au XIXe siècle. Essek Kenyon, un prédicateur influent du début du XXe siècle, a introduit dans sa théologie des concepts de la Nouvelle Pensée, notamment l’idée que la foi et les paroles peuvent transformer la réalité.
Pour ses adeptes, la foi est perçue comme un moyen d’obtenir la richesse matérielle, la santé et une vie exempte de difficultés. Cette vision déforme les enseignements bibliques et s’écarte de l’héritage chrétien. Elle réduit la relation avec Dieu à une quête de bénédictions, détournant l’attention du message central de la croix, de la repentance et de la sanctification.
Dans ces milieux, où la Bible et la tradition chrétienne sont souvent reléguées au second plan au profit de l’autorité du pasteur et de ses « révélations personnelles », on observe fréquemment des dérives : abus de pouvoir, manipulations émotionnelles, et promesses de bénédictions matérielles contre des dons financiers.
Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter cet article : L’évangile de la prospérité: ses caractéristiques, ses origines, ses erreurs !
Problème #4 - La présence de femmes pasteurs
L’autorité pastorale est un rôle de chef spirituel que les Écritures réservent aux hommes. Ce n’est pas une question de droits ou d’égalité, mais de fidélité à la Parole de Dieu. Lorsque l’Église s’écarte de cet enseignement, elle risque de compromettre son témoignage et de confondre la nature même des rôles que Dieu a créés.
R.C. Sproul
Dans le milieu évangélique, la présence de femmes pasteures ou enseignantes dans l’Église soulève aujourd’hui plusieurs défis théologiques et ecclésiologiques. En effet, ce choix est en opposition avec la Bible et la tradition chrétienne et constitue une porte d’entrée vers le libéralisme théologique.
A) Une position en contradiction avec la Bible
Dans le Nouveau Testament, les apôtres, tous hommes choisis par Jésus, sont considérés comme un modèle normatif pour le leadership de l’Église. De plus, aucune mention explicite n’y est faite de femmes occupant des rôles d’enseignantes ou de pasteures.
Des passages comme 1 Timothée 2:12 et 1 Corinthiens 14:34-35, où Paul interdit aux femmes d’enseigner ou d’exercer une autorité sur les hommes, sont souvent invoqués pour soutenir cette restriction. Ces versets établissent une distinction claire entre les rôles des hommes et des femmes dans l’Église.
Enfin, les critères d’éligibilité pour les anciens et pasteurs en 1 Timothée 3:1-7 et Tite 1:5-9, formulées au masculin (« le mari d’une seule femme »), renforcent l’idée que la direction de l’Église est réservée aux hommes.
B) Une position en contradiction avec la Tradition chrétienne
La tradition chrétienne, depuis les premiers siècles, a toujours maintenu une distinction entre les rôles des hommes et des femmes dans l’Église. Les Pères de l’Église, tels qu’Augustin, Chrysostome, et bien d’autres, ont affirmé que le ministère pastoral était réservé aux hommes, s’appuyant sur les Écritures et la pratique apostolique.
Au Moyen Âge, cette perspective est restée inchangée et a été largement acceptée par les principales traditions chrétiennes : catholique et orthodoxe. Les réformateurs, comme Luther et Calvin, ont également soutenu cette distinction.
Ce n’est qu’à partir du XXᵉ siècle, sous l’influence de la montée des mouvements féministes et de certaines réinterprétations des textes bibliques, que l’idée de femmes pasteurs a commencé à émerger, notamment dans certains milieux protestants libéraux et évangéliques.
C) Une porte d’entrée vers le libéralisme théologique
En plus d’être anti-biblique et contraire à la Tradition, l’ouverture au pastorat féminin marque une étape vers une théologie plus libérale, susceptible de remettre en question d’autres doctrines fondamentales.
En réinterprétant certains passages pour justifier le pastorat féminin, les églises pourraient être tentées de faire de même pour d’autres aspects de la foi, tels que la moralité, la divinité du Christ ou le péché.
Cette dérive progressive vers une théologie libérale a déjà été observée dans certains mouvements protestants, où l’ordination des femmes a coïncidé avec une approche plus flexible des doctrines chrétiennes.
Problème #5 - La starification des pasteurs
Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontiers, selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec dévouement; non en dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau.
1 Pierre 5:2-3
La starification des leaders est une tendance marquante dans le milieu évangélique, qui suscite de nombreuses problématiques. Elle entraîne notamment une confusion entre la vocation du pasteur et celui de figure médiatique ou d’entrepreneur, où l’image publique et la reconnaissance personnelle l’emportent sur le service pastoral.
Il s’agit souvent de pasteurs ou d’enseignants très présents sur les réseaux sociaux, largement investis dans les médias et participant fréquemment à des conférences extérieures à leur église locale. Ils mettent généralement en lumière leur propre personnalité, créant ainsi une sorte de « marque personnelle » qui peut éclipser le rôle spirituel qu’ils sont censés jouer.
Ces figures tendent à « commercialiser la foi » à travers la vente de livres, de produits dérivés ou de programmes de formation ressemblant à du développement personnel, transformant ainsi leur message en un produit adapté plutôt qu’à une réelle démarche spirituelle.
Il est fréquent que ces « pasteurs » chutent et que des scandales éclatent, car la pression de maintenir une image publique irréprochable, combinée aux tentations liées au succès, à la notoriété et à l’éloignement de leur église locale, crée un environnement propice à la dérive.
Ainsi, si votre pasteur semble davantage centré sur sa présence médiatique que sur sa communauté locale, il peut être important de se poser des questions sur ses priorités. Le pasteur est avant tout appelé à être un guide pour sa communauté, pas une célébrité en quête de reconnaissance.
Problème #6 - La mauvaise catéchisation des enfants
La maison est le premier lieu d’apprentissage de la foi, et les parents sont les premiers prédicateurs de l’évangile pour leurs enfants.
Timothy Keller
Dans le monde chrétien, une réalité souvent négligée est que de nombreux jeunes issus de familles évangéliques s’éloignent de l’Église une fois devenus adultes. Selon les estimations de T.C. Pinkney, environ 70 % des jeunes Américains engagés dans leurs communautés chrétiennes abandonnent leur foi dans les deux ans suivant la fin du lycée.
Selon moi, l’une des principales causes de ce phénomène est le manque de catéchisation solide des enfants, c’est-à-dire l’absence d’une formation approfondie sur les bases de la foi chrétienne. Les parents, qui devraient être les premiers à enseigner leurs enfants, confient souvent cette tâche à l’église locale, où l’instruction se limite généralement à une heure par semaine, avec des contenus parfois très superficiels.
Ce manque de profondeur dans l’enseignement conduit à une compréhension limitée de la foi, laissant les enfants insuffisamment préparés à affronter les défis spirituels ou à défendre leurs convictions. Sans une base doctrinale robuste, il leur est plus difficile de développer une foi mature, bien enracinée dans les enseignements bibliques et l’histoire de l’Église.
Il est étonnant que l’option de l’école à la maison soit si peu abordée dans les milieux chrétiens francophones, alors qu’elle représente non seulement une alternative académique solide, mais aussi un moyen privilégié de transmettre une éducation chrétienne de qualité.
En effet, de nombreux parents délèguent l’éducation de leurs enfants à un système scolaire laïque et souvent en opposition aux valeurs chrétiennes, se contentant de quelques heures par semaine pour les instruire dans la foi. Ils sont ensuite surpris de les voir s’éloigner de leurs croyances à l’âge adulte, ne réalisant pas que l’enseignement spirituel demande un engagement spirituel plus constant et approfondi.
En 2015, une étude réalisée auprès de 10 000 adultes a révélé que 87 % des personnes ayant suivi une scolarisation à domicile affirment avoir des convictions chrétiennes profondes. En revanche, ceux ayant fréquenté des écoles publiques ou même des écoles chrétiennes privées étaient beaucoup plus susceptibles de s’éloigner de leur foi à l’âge adulte.
Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter cet article : Les chrétiens et l’école à la maison : pourquoi sauter le pas !
Problème #7 - L’infantilisation des adolescents et des jeunes adultes
L’Église moderne échoue à préparer les jeunes pour les défis spirituels de la vie adulte. Au lieu de les nourrir avec la vérité biblique, nous les laissons se perdre dans des activités superficielles, et ils ne développent pas une foi solide qui pourrait les soutenir dans les épreuves.
Paul Washer
Dans de nombreuses églises évangéliques, les adolescents et les jeunes adultes sont souvent traités de manière excessivement infantilisante. Les enseignements à leur intention se limitent généralement à des messages simplistes et des soirées de louange.
Pire encore, les activités proposées cherchent davantage à divertir qu’à nourrir spirituellement : soirées pizzas, jeux de société, visionnage de matchs de foot, ou encore des jeux destinés à briser la glace, qui conviennent mieux à des enfants qu’à des jeunes en quête de réponses profondes et de défis spirituels.
J’ai personnellement vu des chrétiens dans la vingtaine participer à des jeux de piste dans la ville et des batailles d’eau lors d’un événement inter-églises. Quelle médiocrité ! Quel message négatif et régressif envoyé au monde extérieur !
Les jeunes ont besoin d’enseignements théologiques profonds et d’une formation qui les prépare réellement à la vie adulte, plutôt que d’activités « cool » qui les maintiennent au stade d’enfant. Il est également essentiel qu’ils côtoient des adultes plus âgés pour bénéficier de leur sagesse, plutôt que de rester uniquement entre pairs.
Il me semble donc pertinent de repenser l’utilité des groupes de jeunes dans leur forme actuelle, et de considérer des alternatives plus enrichissantes. Leur suppression ne me semblerait pas déraisonnable.
Problème #8 - Un milieu qui fabrique des célibataires à la chaîne
L’Église est parfois coupable de présenter le célibat prolongé comme un idéal, oubliant que pour beaucoup, le mariage est aussi une vocation légitime et biblique. Ne pas encourager cela laisse de nombreux croyants se sentir incomplets ou marginalisés.
Sam Allberry
Un autre aspect notable dans les églises est la difficulté pour les célibataires de rencontrer un partenaire. Les raisons qui expliquent ce phénomène sont diverses.
Tout d’abord, le faible nombre de chrétiens évangéliques dans le monde francophone réduit considérablement les possibilités de trouver une personne compatible.
De plus, le peu d’occasions de rencontres en semaine, combiné à l’absence de soutien de la part des autres membres déjà mariés et des responsables d’église, transforme la recherche d’un partenaire en un véritable parcours du combattant.
Ainsi, de nombreux célibataires voient les années passer sans même avoir l’opportunité de discuter avec des personnes du sexe opposé, se retrouvant dans une solitude subie et marquée par la frustration.
Il est d’ailleurs surprenant que ce phénomène ne soit pas davantage pris en compte au sein des assemblées chrétiennes. Les personnes non mariées y sont nombreuses, et rares sont celles qui n’aspirent pas au mariage, même si beaucoup n’osent pas le dire ouvertement.
Cette situation n’est d’ailleurs pas sans conséquences pour la communauté elle-même. En effet, ces célibataires, frustrés par le manque de perspectives, risquent de changer d’église dans le meilleur des cas, et dans le pire, de chercher un partenaire en dehors de la foi.
Pour améliorer la situation, je proposerais deux recommandations : la première s’adresse aux membres de la communauté, en particulier aux couples, et la seconde aux responsables de l’église locale.
Pour la première recommandation, j’invite les couples de l’église à s’impliquer activement dans la création d’occasions de rencontres pour les célibataires. N’hésitez pas à aborder le sujet directement avec eux, à leur présenter de nouvelles personnes, qu’elles appartiennent ou non à cette assemblée, et à les inviter à partager un repas en compagnie d’autres célibataires.
Les occasions de discuter librement et de créer des liens sont si rares que, même si cela ne débouche pas sur une relation, ils apprécieront vos efforts pour créer ces opportunités et pour avoir contribué à faire bouger les choses.
Ma seconde recommandation, inspirée du blog Par la Foi, s’adresse aux responsables d’église. Elle consiste à mettre en place un programme spécifique pour les célibataires.
Cette initiative commencerait par un recensement des célibataires lors de visites pastorales, afin de mieux comprendre leurs attentes et leur situation. Le pasteur jouerait ensuite un rôle d’entremetteur en les présentant à des assemblées sœurs.
Concrètement, chaque célibataire intéressé rédigerait une lettre pour se décrire, indiquer le type de partenaire recherché, et partager sa vision de la famille. Le pasteur ajouterait à cette lettre une recommandation personnelle, avant de la transmettre à d’autres églises sœurs. Ces dernières partageraient ensuite ces profils avec leurs propres célibataires, laissant les intéressés libres de se contacter et de faire connaissance.
Je suis convaincu que ces deux approches pourraient significativement réduire le nombre de personnes seules au sein des communautés chrétiennes, en créant davantage d’opportunités de rencontre.
Problème #9 - Des cultes destinés à l’évangélisation, et non à l’édification
Que faire donc, frères? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l’édification.
1 Corinthiens 14 : 26
Le culte est avant tout un moment de rencontre entre Dieu et les chrétiens, destiné à leur édification et à Sa glorification. C’est un temps où la Parole est prêchée, les sacrements sont administrés, et les croyants sont nourris spirituellement.
Malheureusement, dans de nombreuses églises évangéliques, les services dominicaux semblent davantage axés sur le divertissement des incroyants plutôt que sur l’édification des saints.
Cette situation est en partie liée à l’influence du mouvement seeker-sensitive, apparu dans les années 1970 et 1980, souvent associé à des figures comme Bill Hybels et Rick Warren, dont l’objectif était d’attirer les non-croyants dans les assemblées.
Pour ce faire, ils ont cherché à éliminer les obstacles empêchant les incrédules de se sentir à l’aise dans une communauté chrétienne, en adaptant la musique, le langage et les formats de culte pour les rendre plus pertinents et attrayants.
Les églises affiliées à ce mouvement utilisent généralement des techniques de marketing et de communication modernes, réalisent des études de marché et sont gérées comme des entreprises dans le but de toucher un maximum de prospects.
Les services dominicaux ressemblent généralement à des shows à l’américaine, où la mise en scène et les émotions prennent le dessus sur la profondeur de la prédication et de la prière.
Selon moi, ce mouvement a eu des conséquences désastreuses pour les évangéliques. En plus de s’éloigner des Écritures et des pratiques historiques chrétiennes, cette approche a attiré de nombreux non-convertis, augmentant artificiellement la taille des assemblées.
En effet, le taux de rétention observé dans ces églises « cool » est généralement très faible. Beaucoup de non-convertis se lassent rapidement lorsqu’ils ne se sentent plus « divertis » et disparaissent après quelques mois, tandis que les véritables croyants finissent par chercher des assemblées offrant plus de profondeur spirituelle pour progresser dans leur foi.
Problème #10 - Un désengagement vis-à-vis de la société
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Matthieu 5 : 13-14
Les milieux chrétiens évangéliques francophones actuels ont généralement tendance à adopter une vision pessimiste de la société. Cette dernière est perçue comme irrémédiablement corrompue par le péché, rendant toute tentative d’investissement inutile.
Ainsi, beaucoup privilégient le salut des âmes en vue du retour de Jésus, plutôt que d’essayer d’influencer ou de transformer la culture qui les entoure.
Cette situation est en grande partie due à l’absence d’enseignement spécifique sur ce sujet, mais également à l’influence de doctrines dispensationalistes erronées, telles que l’annihilation cosmique, très populaire et qui contribue au désengagement des évangéliques vis-à-vis de la société.
L’annihilation cosmique, formulée au XIXᵉ siècle, est une vision de la fin des temps selon laquelle l’univers actuel serait entièrement détruit puis remplacé par une nouvelle création, entraînant la disparition totale de l’ancien monde.
Ainsi, sachant que la terre sera un jour entièrement détruite, certains estiment qu’il n’y a aucun intérêt à investir dans le monde, ce qui contribue indirectement à la déchristianisation progressive de la société.
Cette perspective de destruction totale contraste avec la vision historique, qui me semble plus conforme aux Écritures : celle du renouveau cosmique. Selon cette vision, la création sera purifiée du péché, sans être anéantie. La terre continuera d’exister, mais sera glorifiée. Ainsi, il est possible qu’un beau bâtiment construit aujourd’hui survive au jugement.
En effet, la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité – non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise – avec une espérance : c’est que la création elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption pour accéder à la liberté de la gloire des enfants de Dieu.
Romains 8 : 19-21
Le renouvellement cosmique invite les chrétiens à transformer la société, anticipant ainsi et participant à l’avènement de la Nouvelle Création. Cela signifie que le chrétien est appelé à s’engager activement dans le monde, plutôt qu’à se retirer, comme le font actuellement de nombreux évangéliques.
Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter cet article : Faut-il promouvoir une société chrétienne ?
Problème #11 - Une musique de faible qualité artistique et théologique
Les chants de l’Église devraient être des hymnes de louange remplis de doctrine solide, non pas des refrains vides de sens. Quand la musique ne reflète pas la grandeur et la majesté de Dieu, elle manque à sa mission première.
J.I. Packer
Afin de rendre le message plus accessible et de créer une ambiance de louange contemporaine, les églises évangéliques ont intégré à leurs cultes de la musique moderne, souvent inspirée de la pop, du rock ou de la variété.
Même s’il existe quelques exceptions, ces chants mondains sont généralement esthétiquement pauvres et théologiquement superficiels, retirant l’aspect sacré, solennel et beau de la rencontre dominicale.
Cette évolution musicale est en partie due aux “Jesus People”, un mouvement chrétien évangélique des années 1960 et 1970, principalement présent aux États-Unis. Ce mouvement a attiré de nombreux jeunes issus des hippies, en prônant un retour à la simplicité et à la pureté de la foi chrétienne.
Ces individus ont malheureusement introduit dans le milieu évangélique plusieurs aspects de la culture hippie, comme l’accent sur la vie communautaire, l’anti-matérialisme, le pacifisme, ainsi que l’utilisation de la musique et de l’art pour exprimer leur foi.
Ils ont également joué un rôle majeur dans l’émergence des églises dites « non confessionnelles » et dans le développement de la musique chrétienne contemporaine, popularisée par des mouvements comme Hillsong ou Bethel.
Ce virage musical contraste fortement avec les cantiques historiques protestants, riches en profondeur théologique et en qualité artistique, souvent inspirés des Psaumes.
Le Psautier de Genève, compilé sous la direction de Jean Calvin, est l’un des recueils de psaumes les plus célèbres et continue d’être chanté dans les milieux protestants du monde entier. Ce psautier a joué un rôle crucial dans la diffusion de la musique liturgique protestante, unifiant les croyants du monde entier à travers des mélodies communes.
Les églises évangéliques devraient privilégier ce type de musique, alliant richesse théologique et héritage artistique, pour renforcer l’édification spirituelle et l’unité des fidèles.
Problème #12 - Des activités d’église non essentielles
Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ,
Éphésiens 4 : 11-13
Plutôt que de se concentrer sur des activités essentielles et véritablement édifiantes pour la croissance spirituelle des fidèles, comme les études bibliques approfondies, l’apprentissage de la théologie, l’étude de la tradition chrétienne, la formation en apologétique, et des temps de prière, de nombreuses églises évangéliques se dispersent dans une multitude d’initiatives dont la pertinence est souvent discutable.
Ces événements peuvent prendre la forme de soirées de louange, de représentations théâtrales, de campagnes sur les réseaux sociaux, de tournois sportifs, de chorales, de sorties d’évangélisation, de bars associatifs, de conférences inter-églises, de projections de films ou d’autres actions culturelles.
Le problème majeur est que ces initiatives, bien qu’organisées avec de bonnes intentions, manquent souvent d’une évaluation de leur impact réel. Servir est une bonne chose, mais servir de manière efficace l’est encore davantage.
Combien d’activités d’église, mobilisant temps, énergie et ressources, n’apportent finalement aucune valeur ajoutée aux croyants ? Combien d’initiatives d’évangélisation, sans conversions depuis des années, sont reconduites chaque semaine sans remise en question ? Combien de personnes, sans formation ni dons particuliers, sont impliquées dans des activités essentielles ?
Les églises disposent souvent de ressources limitées. Mesurer l’impact réel des activités permet de s’assurer que ces ressources sont utilisées de manière judicieuse et répondent à la mission principale de l’assemblée : l’édification des croyants.
Certaines communautés mettent l’accent sur la communication externe et les campagnes d’évangélisation afin de grandir en nombre, souvent au détriment de la catéchisation et du développement des fidèles. Cela entraîne une évangélisation et un discipulat de moindre qualité, car ceux qui transmettent le message manquent eux-mêmes d’une formation solide.
En faisant de l’édification une priorité – par la formation doctrinale, la connaissance des Écritures et l’étude de la Tradition – l’église forme des membres enracinés dans la foi, protégés des fausses doctrines et équipés pour une évangélisation sage.
Elle bâtit ainsi des assemblées saines et durables, des familles solides, des enfants bien catéchisés, et devient une bénédiction pour le monde extérieur, offrant un témoignage souvent plus percutant que des stands d’évangélisation ou autres activités éphémères destinées aux non-croyants.
Conclusion
Malgré ses défauts, le mouvement évangélique demeure aujourd’hui une force essentielle pour la préservation de la foi chrétienne orthodoxe et pour l’avancement du Royaume de Dieu. Le quitter ne serait pas nécessairement sage.
Cependant, pour remédier à bon nombre des problèmes présentés ci-dessus, j’encourage les fidèles à s’orienter vers des églises évangéliques de tradition réformée, qu’elles soient baptistes ou presbytériennes.
Ces communautés offrent souvent une stabilité théologique, une profondeur doctrinale et un culte centré sur l’édification spirituelle, apportant des réponses solides aux défis auxquels font face de nombreux évangéliques aujourd’hui.
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2 commentaires
David Yehusha · 29/10/2024 at 7:39 am
Bonjour Valentin
Cela fait quelques années que je lis vos articles avec beaucoup d’intérêt. J’ai toujours aimé la qualité du message et le travail d’analyse fait derrière chaque sujet abordé.
Pour une fois je ne suis pad d’accord avec vous et j’ai eu un léger sentiment de déception. Je ne suis pas évangélique mais j’ai eu à fréquenter quelques églises et votre article fait une généralisation de problèmes qui ne s’appliquent pas à toutes les églises. Par ailleurs, certains problèmes n’en sont pas vraiment, à mon avis.
Je vous suggère de faire une véritable enquête, plutôt que de baser votre jugement sur vos expériences et convictions personnelles.
Fraternellement, dans la paix du Christ.
Valentin · 29/10/2024 at 6:13 pm
Bonjour David,
Merci pour votre fidélité, et je prends bien note de votre commentaire. Il est vrai que toutes les églises ne fonctionnent pas de cette manière, et j’ai pris soin, selon moi, de le préciser dans mes propos. Bien sûr, il y a une part de subjectivité dans ce que j’exprime, mais ce constat est également partagé par beaucoup de personnes de mon entourage. Mon intention est davantage de susciter la réflexion que de pointer du doigt.
Par curiosité, quels sont les « problèmes » évoqués qui ne sont pas vrai selon vous ?