La parabole de l’économe infidèle

Publié par Valentin le

La Parabole de l'économe infidèle

La Parabole de l’économe infidèle (ou le gérant habile) est l’une des histoires les plus énigmatiques de la Bible. Ce passage est souvent sujet à confusion, car il semble encourager la ruse et la tromperie au détriment de l’honnêteté et de l’intégrité. 

En effet, l’économe infidèle est présenté comme un héros astucieux et intelligent, alors qu’il a volé son maître pour arriver à ses fins égoïstes. 

Cet article a pour objectif de démystifier cette parabole, et de tirer les leçons importantes, notamment concernant la gestion de l’argent et des richesses terrestres.

La parabole de l'économe infidèle

Table des matières

#1 La Parabole de l'économe infidèle (Luc 16 : 1-13)

1 Jésus dit aussi à ses disciples: Un homme riche avait un économe, qui lui fut dénoncé comme dissipant ses biens.

2 Il l’appela, et lui dit: Qu’est-ce que j’entends dire de toi? Rends compte de ton administration, car tu ne pourras plus administrer mes biens.

3 L’économe dit en lui-même: Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de ses biens? Travailler à la terre? je ne le puis. Mendier? j’en ai honte.

4 Je sais ce que je ferai, pour qu’il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons quand je serai destitué de mon emploi.

5 Et, faisant venir chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier: Combien dois-tu à mon maître?

6 Cent mesures d’huile, répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, assieds-toi vite, et écris cinquante.

7 Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu? Cent mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, et écris quatre-vingts.

8 Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.

9 Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer.

10 Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes.

11 Si donc vous n’avez pas été fidèle dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ?

12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?

13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon .

                                                                                              

Luc 16 : 1 -13 (Louis Segond)

#2 Le contexte

Avant d’analyser cette Parabole, il est pertinent d’étudier le contexte de celle-ci. Cette section traitera spécifiquement de la question des finances dans l’Évangile de Luc et examinera le contexte de ce chapitre.

A. L'Évangile de Luc

  • Un Évangile qui parle (beaucoup) d’argent et de richesses

L’argent et les biens matériels sont des thèmes omniprésents chez Luc, que ce soit dans son Évangile ou dans les Actes. De nombreux passages mettent en garde contre l’amour de l’argent, parlent de la responsabilité du croyant envers les nécessiteux, ou encore exhortent à utiliser les ressources terrestres pour l’avancée du Royaume de Dieu. 

Ce thème est d’ailleurs retrouvé dans de multiples Paraboles de l’Évangile de Luc : la Parabole des talentsla Parabole du riche insensé, la Parabole du riche et de Lazare, le fils prodigue, etc.

Il convient de souligner que, bien que les richesses puissent comporter de nombreux risques, Luc ne les condamne pas pour autant. Il donne l’exemple de personnes fortunées ayant fait preuve de fidélité dans l’utilisation de leurs biens, telles que les femmes mécènes (Luc 8 : 3), Zachée (Luc 19 : 8-9), Joseph d’Arimathée (Luc 23), ou encore le centurion Corneille (Actes 10).

  • Pourquoi une telle emphase sur les richesses?

Il existe trois raisons qui pourraient expliquer cette insistance du thème de l’argent dans l’Évangile de Luc.

Raison n°1 : les écrits de Luc étaient destinés à une personne fortunée.

L’Évangile de Luc et les Actes étaient adressés à Théophile :

Il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile,

Luc 1 : 3

Théophile, j’ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner dès le commencement

Actes 1 : 1

Le terme « excellent » met en évidence un statut d’autorité du gouvernement romain. Le même titre est d’ailleurs retrouvé pour désigner les magistrats romains Félix (Actes 23 :26) et Festus (Actes 26 :25).

Ainsi, les exégètes estiment que Théophile était probablement une personne de haut rang social, récemment convertie et nécessitant une assise solide dans la foi. De ce fait, il n’est pas surprenant que Luc insiste sur les thèmes liés aux biens matériels dans ses écrits.

 

Raison n° 2 : Luc était vraisemblablement riche

Luc, le médecin bien-aimé, vous salue, ainsi que Démas.

                                                                                               Colossiens 4 : 14

Une autre raison qui pourrait expliquer l’omniprésence de l’argent dans les écrits de Luc viendrait de son statut social. En se basant sur sa profession de médecin, son niveau d’éducation ainsi que ses relations, il est envisageable de penser que Luc faisait partie de la classe aisée. 

Par conséquent, il est probable que la gestion d’un patrimoine et les risques liés à la richesse étaient des thèmes qu’il avait étudiés en profondeur, dont il était conscient et qu’il considérait comme importants.

 

Raison n°3 : l’argent est un marqueur important de la relation du croyant avec Dieu

Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur.

Luc 12 : 34

La fréquence du thème de l’argent dans l’Évangile de Luc pourrait également s’expliquer par l’importance que Jésus accordait à cette question. La relation d’une personne avec les biens matériels et la richesse peut être considérée comme un indicateur important de sa relation avec Dieu : elle peut soit succomber à leur attrait, soit les mettre au service du Royaume. 

Luc rapporte ainsi les nombreux enseignements de Jésus concernant ce sujet.

B. Le contexte de la Parabole

La Parabole de l’économe infidèle est la dernière histoire d’une série de 4 Paraboles commençant dans Luc 15. Ces paraboles comprennent la Parabole de la brebis perdue (Luc 15:3-7), la Parabole de la pièce perdue (Luc 15:8-10), la Parabole du fils prodigue (Luc 15:11-32), et enfin la Parabole de l’économe infidèle (Luc 16:1-8).

Jésus, alors en route pour Jérusalem, les utilise pour enseigner la foule et les disciples, mais également pour répondre aux pharisiens.

Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. Mais il leur dit cette Parabole : 

Luc 15 : 1-3  

Par ailleurs, bien que la Parabole de l’économe infidèle s’adresse principalement aux disciples, comme indiqué dans le premier verset, les versets quatorze à quinze confirment la présence de pharisiens parmi l’auditoire.

Les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils se moquaient de lui. Jésus leur dit: Vous, vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs; car ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu.

Luc 16 : 14-15  

La Parabole peut être divisée en deux parties distinctes. La première partie consiste en l’histoire elle-même (Luc 16 :1 -8a), tandis que la deuxième partie comprend l’explication et les applications données par Jésus (Luc 16: 8b-13).

#3 Analyse de la Parabole (versets 1 à 8a)

A. Les personnages de la Parabole

  • L’économe infidèle

L’économe est le personnage principal de cette Parabole. Un économe (ou intendant) est une personne qui administre les biens d’une autre personne. À l’époque de Jésus, déléguer la gestion de ses terres était monnaie courante chez les riches propriétaires qui vivaient principalement dans les villes. 

La responsabilité des terres agricoles était ainsi confiée à des gérants dont le rôle était de superviser les opérations et de récolter l’argent pour ensuite le transmettre au propriétaire.

Ainsi, étant donné les compétence et responsabilité de cette position, il est vraisemblable que l’économe de la Parabole était une personne éduquée et fortunée. Son incapacité à travailler la terre corrobore l’idée qu’il appartenait à une classe sociale élevée, épargnée par les travaux pénibles des paysans.

Au départ, la Parabole présente un portrait peu reluisant de l’économe. Dans un premier temps, il est dépeint comme incompétent, car accusé de gaspiller les biens de l’homme riche (verset 1). Ensuite, la parabole le présente comme un voleur lorsqu’il falsifie les comptes (versets 5-7). Étrangement, il est finalement décrit comme ingénieux et prévoyant par le même propriétaire victime de son escroquerie.

  • Le riche propriétaire

L’homme riche est un autre personnage important de la Parabole. Il est présenté comme un propriétaire terrien, qui était visiblement très riche. En effet, divers indices laissent penser qu’il n’était pas un simple petit bourgeois, mais un homme possédant une fortune considérable, comme le fait d’engager un économe pour gérer ses affaires, ou encore les créances colossales qui lui étaient dues.

Sur le plan moral, certains commentateurs décrivent ce riche propriétaire comme une personne fondamentalement mauvaise en argumentant qu’il n’a pas puni le vol de l’économe infidèle. 

À mon sens, il est difficile d’être aussi catégorique. Bien que le maître loue l’ingéniosité et la prudence dont l’économe a fait preuve, cela ne signifie pas nécessairement qu’il approuve moralement son acte. 

En outre, la parabole ne donne pas une description claire du caractère moral de l’homme riche.

  • Les débiteurs

La Parabole ne donne que peu de détails sur les débiteurs du maître. Il est cependant probable qu’ils aient été des locataires autorisés à cultiver la terre et à en récolter les fruits, tout en ayant l’obligation de verser une partie de cette récolte au riche propriétaire.

Malgré le fait que le riche propriétaire avait probablement un grand nombre de débiteurs, la Parabole n’en mentionne que deux. Le premier débiteur devait cent mesures d’huile, mais l’économe infidèle lui demande de réécrire la lettre de créance pour seulement cinquante mesures d’huile. 

Quant au deuxième débiteur, il devait cent mesures de blé, mais l’économe lui demande de réécrire la lettre de créance pour quatre-vingts mesures de blé.

Les deux débiteurs acceptent l’offre de l’économe infidèle et lui sont ainsi redevables.

  • Les enfants de ce siècle

L’expression « les enfants de ce siècle » désigne les incroyants. Le terme « siècle » fait référence à l’époque actuelle où les valeurs, les priorités et les préoccupations des gens sont principalement tournées vers les choses du monde, sans beaucoup de considération pour les aspects spirituels et éternels.

Jésus leur répondit : Les enfants de ce siècle prennent des femmes et des maris

Luc 20 : 34 

  • Les enfants de lumière

Les enfants de lumière est une tournure néotestamentaire fréquente pour désigner les vrais disciples de Christ qui sont appelés à briller dans ce monde. Ce terme apparaît à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, notamment dans les lettres de Paul.

Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière !

Éphésiens 5 :8

B. Des remises (très) importantes

Dans une société majoritairement agricole, les dettes étaient traditionnellement acquittées en nature au moment des moissons. Le blé et l’huile d’olive étaient des denrées essentielles dans cette culture méditerranéenne.

Après avoir appris qu’il serait renvoyé, l’économe décide de réduire les dettes des débiteurs de son maître, pour espérer leur faveur. Il les convoque et renégocie le montant dû en consentant des rabais allant de 20% à 50%.

Selon les commentateurs, les remises offertes aux débiteurs étaient considérables :

  • Par exemple, une réduction de 50% sur 100 mesures d’huile se traduirait par un bénéfice de 500 deniers, soit un an et demi de salaire pour un ouvrier agricole.
  • De même, une réduction de 20% sur 100 mesures de blé équivaudrait à une économie de deux années de salaire.

Même s’il est difficile d’estimer avec certitude le montant exact, il ne fait aucun doute qu’il s’agissait de transactions colossales. La remise était ainsi considérable pour les débiteurs. 

Avec un tel cadeau, ces derniers étaient grandement redevables envers l’économe infidèle qui n’aurait alors aucun mal à se faire accueillir favorablement chez eux après son licenciement.

D’un autre côté, cette annulation de dette secrète est comparable à un détournement de fonds massif. Étant donné le manque à gagner considérable pour le propriétaire, sa réaction bienveillante à l’égard de l’économe est d’autant plus incompréhensible.

C. Pourquoi le maître ne punit pas l’économe ?

Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment (…)

Luc 16 : 8a

Dans les premiers versets de la Parabole, le lecteur a généralement tendance à prendre parti pour le riche propriétaire et espérer une punition pour l’économe. De manière surprenante, le maître ne fait aucun reproche à son employé pour le vol commis. Il le félicite même pour sa prudence.

Pour expliquer la réaction surprenante du propriétaire, une minorité de commentateurs soutient que les agissements de l’économe infidèle étaient moralement bons. Pour eux, l’argent rendu aux débiteurs correspondrait aux intérêts cachés du contrat. L’usure étant interdite entre juifs, l’économe aurait désobéi à son maître pour faire respecter la loi de Dieu. Il n’aurait ainsi commis aucun délit.

Bien qu’intéressante, cette interprétation est difficilement défendable. L’utilisation du terme « infidèle » par Jésus au verset 8 pour désigner l’économe corrobore l’idée qu’il était mauvais. Par ailleurs, il est peu probable que le maître ait exigé 50% d’intérêt sur la récolte.

Ainsi, l’interprétation traditionnelle, considérant les actions de l’intendant comme trompeuses et malhonnêtes, semble plus crédible. Si la Parabole ne mentionne pas de punition, c’est certainement qu’elle veut mettre l’emphase sur le côté « prudent » de l’économe, plutôt que les questions éthiques. 

Encore une fois, même si le maître félicite son serviteur pour son ingéniosité et sa prévoyance, rien n’indique qu’il approuve son attitude immorale. Il le considère probablement comme un génie véreux.

L’explication de la Parabole par Jésus dans les versets suivants permet d’apporter davantage de compréhension.   

La parabole de l'économe infidèle A._Mironov
La Parabole de l'économe infidèle (A.N. Mironov)

#4 Explication de la Parabole (verset 8b)

A. Une erreur courante d’interprétation

Une erreur courante est de penser que le riche propriétaire et l’économe représentent, respectivement, Dieu et le croyant. Il est vrai que cette structure existe dans d’autres Paraboles, mais elle ne s’applique pas à celle-ci. 

Il est difficile d’envisager que Dieu encourage le chrétien à pécher. Heureusement, cette interprétation est démentie par la fin du verset 8 :

(…) Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière. 

Luc 16 : 8b

L’économe infidèle est comparé à un « enfant de ce siècle » par Jésus, c’est-à-dire à un incroyant. Ainsi, le propriétaire et l’économe ne doivent pas être pris comme des modèles, mais comme des personnages utilisés pour expliquer une vérité plus large.

B. La clé de la compréhension réside dans le verset 8.

(…) Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.

Luc 16 : 8b

Le sens de la Parabole ne peut être compris qu’avec la deuxième partie du verset 8. Jésus semble en effet vouloir montrer que les pécheurs, même si malhonnêtes, sont plus sages, plus réfléchis et plus zélés pour garantir leur prospérité matérielle ici-bas, que les chrétiens pour se constituer un trésor dans l’éternité. Cette parabole sert de critique à l’encontre des croyants sur leur manière de gérer les richesses terrestres.

En critiquant les « enfants de lumière » sur leur gestion, Jésus souligne que la bonne utilisation des richesses temporelles n’est pas un sujet anecdotique. Les versets explicatifs qui vont suivre (9 à 13) sont d’ailleurs des exhortations en lien avec ce reproche.

#5 Les applications (versets 9 à 13)

À la suite de la Parabole, Jésus poursuit son enseignement en développant le thème des richesses injustes à travers plusieurs leçons. Cette section mettra en lumière trois applications majeures qui ressortent des versets neuf à treize.

Application n°1 : utiliser ses ressources pour l’avancée du Royaume de Dieu (verset 9)

Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer.…

Luc 16 : 9

Dans le neuvième verset, Jésus émet une exhortation qui se rapporte directement à la Parabole. Une fois de plus, certains termes utilisés peuvent sembler énigmatiques.

Pour l’identité des « amis », plusieurs hypothèses existent. Certains commentateurs suggèrent que les personnes mentionnées pourraient être les pauvres, tandis que d’autres proposent les anges, et une autre hypothèse avance une allusion indirecte à Dieu. 

Néanmoins, il est possible que le terme « amis » ne fasse référence à aucune personne en particulier, mais qu’il soit simplement une allusion à la Parabole mentionnée précédemment. En effet, les actions de l’économe infidèle lui ont permis de se faire « des amis » qui lui offriront le logement quand il sera sans ressources.

Concernant les tabernacles éternels, il est difficile de déterminer avec précision ce qu’ils symbolisent. Il est vrai que le chrétien recevra une « demeure » au ciel, mais la nature de cette dernière n’est, sauf erreur de ma part, pas renseignée dans les Écritures. Il faudra patienter jusqu’à la résurrection pour le découvrir.

« Que votre cœur ne se trouble pas ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Si ce n’était pas le cas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et puisque je vais vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi afin que, là où je suis, vous y soyez aussi. Vous savez où je vais et vous en savez le chemin. »

Jean 14 : 1-4

De manière plus concrète, ce verset encourage les chrétiens à utiliser leurs ressources temporelles pour l’avancée du Royaume. En donnant à son église locale, à des missionnaires, à des associations chrétiennes ou encore à des frères dans le besoin, le croyant utilise les « ressources injustes » au service de l’Évangile. Cet investissement lui rapportera des trésors inestimables au ciel.

Dans son livre Stories With Intent, Klyne Snodgrass paraphrase le verset 9 de la manière suivante : « Mettez-vous en bonne position par votre usage de l’argent, qui vous égare si facilement, de sorte que lorsque ce siècle sera passé, Dieu vous recevra dans sa demeure éternelle. »

Application n°2 : ne pas négliger la gestion des biens matériels (versets 10 à 12)

Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes. Si donc vous n’avez pas été fidèle dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?

 Luc 16 : 10 à 12

Il peut exister chez le croyant une tendance à séparer le matériel du spirituel, comme si la gestion des richesses ici-bas n’était d’aucune importance. Pourtant, de nombreux passages bibliques, dont cette Parabole, soulignent que l’être humain a l’obligation d’utiliser les ressources temporelles à sa disposition pour rendre Gloire à Dieu.

Les versets dix à douze représentent une mise en garde sévère pour ceux qui n’utilisent pas leurs biens terrestres à bon escient. Les « moindres choses » symbolisent les richesses injustes, tandis que les « grandes » font certainement références aux récompenses que le chrétien recevra dans le royaume de Dieu.

En enseignant que la fidélité dans les petites choses se reflète dans les grandes, Jésus rappelle ainsi l’importance de la gestion honnête et responsable des biens matériels ici-bas. 

Le chrétien qui aura été habile dans la gestion des ressources terrestres, sera également habile dans la gestion des ressources célestes. Ainsi, le bon et fidèle serviteur recevra davantage au paradis, comme spécifié dans la Parabole des talents.

Application n°3 : attention à l’amour de l’argent (verset 13)

Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.

Luc 16 : 13

  • Focus sur le terme « mammon »

Avant de donner une signification au verset 13, il est important de déconstruire les présupposés concernant le terme « mammon ».

« Mammon » est un terme biblique qui fait référence à l’argent et aux biens matériels. Il est dérivé du terme araméen « māmōnā« , qui signifie « richesses ». Des mots racines similaires existent en hébreu, latin, grecs, chaldéen et syriaque. Ce terme est présent dans deux passages bibliques : le sermon sur la montagne en Matthieu 6:24 et dans Luc 16:9-13.

Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et mammon.

            Matthieu 6 : 24

 

Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les mammon injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer. Celui qui est fidèle dans les moindres mammon l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres mammon l’est aussi dans les grandes. Si donc vous n’avez pas été fidèle dans les mammon injustes, qui vous confiera les véritables ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et mammon.

Luc 16 : 9-13

Malgré une croyance populaire, il n’existe aucune preuve tangible de l’existence d’une divinité ou entité appelée Mammon à l’époque de Jésus. Sa personnification est arrivée des siècles après, notamment avec St. Grégoire de Nysse, St. Jean Chrysostome et Pierre Lombard qui considéraient Mammon comme un démon. 

Les théologiens médiévaux ont également assigné sept archidémons aux sept péchés capitaux, et Mammon est devenu le démon de la cupidité.

Par ailleurs, bien que le terme « mammon » soit largement considéré comme ayant une connotation négative de nos jours, il est possible que ce mot ait été neutre à l’époque de Jésus, simplement utilisé pour désigner les biens matériels, les propriétés, les richesses.

  • Qu’est-ce que l’amour de l’argent ?

Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments.

1 Timothée 6 :10

D’après la Bible, l’amour de l’argent est considéré comme une forme d’idolâtrie, car il peut amener les gens à placer leur confiance et leur loyauté dans la richesse plutôt qu’en Dieu. En d’autres termes, aimer l’argent, c’est espérer qu’il pourra combler ses besoins, apporter sécurité et bonheur, plutôt que de mettre sa foi en Dieu. L’amour de l’argent est contraire à la foi en Dieu. Soit il sert l’un, soit il sert l’autre.

Il convient de souligner que la richesse n’est pas intrinsèquement mauvaise, mais c’est plutôt l’attitude que le croyant adopte à son égard et l’utilisation qu’il en fait qui peuvent être contraires à la volonté de Dieu. 

Même si les exemples d’avidité dans la Bible ne manquent pas, elle mentionne des croyants pour qui l’argent n’était pas un problème, comme Abraham, Job ou encore les femmes en Luc 8 qui ont aidé Jésus dans son ministère.

Tout ce que Dieu a créé est bon et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne dans une attitude de reconnaissance, car cela est rendu saint par la parole de Dieu et la prière.

Timothée 4 : 4-5

#6 Conclusion

En conclusion, la parabole de l’économe infidèle invite le chrétien à réfléchir à la manière dont il gère les richesses temporelles qui lui ont été confiées. En dépeignant l’attitude de l’économe comme sage et avisée, Jésus montre que le peuple de Dieu doit être astucieux et prévoyants dans sa gestion de l’argent. 

Toutefois, l’histoire n’encourage nullement le croyant à être trompeurs ou malhonnêtes. Au contraire, elle rappelle que la richesse est un don de Dieu, qui doit être utilisée pour aider les autres et construire Son royaume.

La parabole de l'économe infidèle

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7 commentaires

Giovanni Tripodi · 15/04/2023 at 11:30 am

Merci beaucoup pour ces encouragements avec les saintes écritures de Dieu.

sokegbe gerard · 17/04/2023 at 4:13 pm

Merci pour la lumière apportée sur le comportement qu’un croyant doit manifester devant les richesses. L’économe infidèle essaye de développer des stratégies pour amasser injustement des richesses qui ne serviront à rien puisque demain qui le préoccupe ne lui appartient pas. Apprenons à être fidèle et reconnaissant à Dieu pour qu’il nous donne un cœur miséricordieux envers nos frères. Encore merci

Cynthia Banze · 26/10/2023 at 2:51 am

J’aime beaucoup. Ça vient éclairer beaucoup des choses.

Kouadio Maurice · 20/02/2024 at 9:54 am

L’économe infidèle a d’abord fait acte d’une très grande réflexion.
Ensuite il décide de faire du bien a ceux qui doivent en leurs permettant de payer moins
Cet action ressemble à l’évangélisation d’aller partout faire du bien en permettant aux hommes d’avoir accès aux royaume de Dieu

Martin · 23/02/2024 at 10:31 am

Je pense que le royaume de Dieu doit être pris dans son acceptation large, c’est à dire employer sa richesse matérielle à améliorer également l’humanité, c’est à dire également par l’art, la culture, etc.

Benoît Doucet · 27/06/2024 at 9:30 pm

Ça n’explique pas le fait qu’il est félicité pour son comportement

Gloire-Divine · 12/07/2024 at 6:48 pm

J’ai lu ce passage à plusieurs reprises, mais c’est avec vos explications que j’ai compris cette parabole , merci beaucoup.

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