Dîme et Prospérité : Étude Approfondie de Malachie 3:8-10
Publié par Valentin le
Dîme et Prospérité : Étude Approfondie de Malachie 3:8-10
Ne pas donner sa dîme, est-ce voler Dieu ? La donner permettrait-il d’être béni financièrement et matériellement ? Ces questions soulèvent des débats intenses dans les milieux chrétiens, où la pratique de la dîme est perçue tantôt comme un pilier de dévotion, tantôt comme un point de discorde.
Cet article étudiera Malachie 3 : 8–10, fréquemment invoqué dans certaines églises pour soutenir la dîme et la prospérité. Il débutera par une étude du contexte, poursuivra avec un examen minutieux du texte, et conclura avec six arguments pour répondre aux mauvaises interprétations.
Table des matières
#1 Malachie 3 : 8-10 (Bible Segond 21)
Un homme peut-il tromper Dieu ? En effet, vous me trompez et vous dites : « En quoi t’avons-nous trompé ? » Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction et vous me trompez, la nation tout entière ! Apportez toutes les dîmes à la maison du trésor afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison. Mettez-moi ainsi à l’épreuve, dit l’Eternel, le maître de l’univers, et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les fenêtres du ciel, si je ne déverse pas sur vous la bénédiction en abondance.
Malachie 3 : 8-10
#2 Contexte du passage
Le livre de Malachie, le dernier des livres de l’Ancien Testament, a été rédigé après le retour des Juifs de l’exil à Babylone, entre le 5ème et le 4ème siècle avant J.-C. Cette époque est marquée par la reconstruction du Temple de Jérusalem sous Zorobabel et par les réformes d’Esdras et Néhémie. Le nom « Malachie » se traduit par « Mon messager » en hébreu.
Dans une époque difficile pour Juda, Malachie, dernier prophète, interpelle le peuple sur ses obligations, fustige la corruption et la déchéance morale, et prône un retour à la loi.
Le livre, qui se compose de trois chapitres, présente une série de six dialogues sous forme de questions et réponses entre Dieu et son peuple, ressemblant souvent à des débats.
Chacun de ces « débats » commence par une déclaration de Dieu, qui rencontre généralement scepticisme ou contestation de la part des Israélites. Dieu répond alors par des réprimandes et annonce un jugement imminent, insistant sur la nécessité pour Israël de se repentir et de se rapprocher de Lui.
Les critiques de Dieu portent sur divers aspects tels que la corruption des prêtres, les sacrifices inappropriés, l’infidélité conjugale, l’oppression des veuves et des orphelins, la négligence dans le paiement des dîmes, et la mise en doute de Sa justice.
Malachie 3 : 8-10 correspond au cinquième « dialogue » du livre et aborde la critique de Dieu envers Israël concernant le non-respect de l’apport des dîmes et offrandes au nouveau Temple de Jérusalem.
#3 Analyse du passage
Cette section vise à examiner Malachie 3 : 8-10 en abordant les différentes interrogations fréquemment soulevées par sa lecture.
A) Quel est l'acte de tromperie que Dieu dénonce ?
Un homme peut-il tromper Dieu ? En effet, vous me trompez et vous dites : « En quoi t’avons-nous trompé ?» Dans les dîmes et les offrandes.
Malachie 3 : 8
Dans ce verset, le terme hébreu « qove’im » (« voler » ou « tromper ») se réfère au fait qu’Israël ne versait qu’une partie des dîmes et des offrandes destinées au Temple de Jérusalem et requises par la Loi de Moïse.
En effet, l’Ancienne Alliance exigeait que certaines parties du bétail et des récoltes soient consacrées au Temple de Jérusalem. En omettant de le faire, les Israélites ne se contentaient pas de négliger un devoir religieux ; ils commettaient un acte de vol envers Dieu, privant ainsi le temple de ressources essentielles et transgressant un principe fondamental de la loi.
B) Quelle était la nature des dîmes ?
(…) En quoi t’avons-nous trompé ?» Dans les dîmes et les offrandes.
Malachie 3 : 8
Dans l’Ancien Testament, la pratique de la dîme était une composante essentielle de la vie religieuse et sociale des Israélites. Généralement définie comme un prélèvement obligatoire de 10% sur les récoltes et le bétail, la dîme était non seulement un acte de dévotion mais aussi un moyen de soutenir divers aspects de la société israélite. Quatre types distincts de dîmes étaient pratiqués, chacune ayant un rôle spécifique.
- La dîme lévitique
Je donne comme possession aux Lévites les dîmes que les Israélites présenteront à l’Eternel à titre de prélèvement. Voilà pourquoi je dis à leur sujet qu’ils n’auront aucune possession au milieu des Israélites.
Nombre 18 : 24
La dîme lévitique, également connue sous le nom de dîme sacrée, était une obligation annuelle imposée aux bergers et aux agriculteurs israélites. Destinée aux Lévites, elle correspondait à 10% des récoltes et du bétail.
Contrairement aux autres tribus d’Israël, la tribu de Lévi n’avait pas reçu de territoire spécifique, mais plutôt 48 villes dispersées à travers le pays (Josué 20 ; Nombres 35 : 1-8), sans terres agricoles pour subvenir à leurs besoins. Ils dépendaient donc partiellement de cette dîme pour vivre, qui était collectée et stockée dans ces villes.
Les Lévites avaient pour mission d’enseigner et d’interpréter la Loi de Moïse auprès du peuple d’Israël (Deutéronome 33 : 10) et servaient également de juges et de conseillers, jouant un rôle crucial dans la gouvernance et le maintien de l’ordre social au sein des communautés (Deutéronome 17 : 9).
Il est à noter que Jérusalem ne figurait pas parmi ces 48 villes lévitiques, ce qui, en partie, explique l’existence d’une autre forme de dîme, celle des prêtres.
- La dîme des prêtres
« Tu transmettras ces instructions aux Lévites : ‘Lorsque vous recevrez des mains des Israélites la dîme que je vous donne de leur part comme votre possession, vous prélèverez sur elle une offrande pour l’Eternel, une dîme de la dîme. Votre offrande équivaudra, pour vous, au blé qu’on prélève de l’aire de battage et au vin nouveau qu’on prélève de la cuve. C’est ainsi que vous prélèverez une offrande pour l’Eternel sur toutes les dîmes que vous recevrez des Israélites, et vous donnerez au prêtre Aaron l’offrande que vous aurez prélevée pour l’Eternel
Nombres 18 : 26-28
La dîme des prêtres, également connue sous le nom de dîme de la dîme, était une obligation spécifique imposée aux Lévites et destinée aux prêtres du Temple de Jérusalem. En effet, les Lévites, qui recevaient la dîme sacrée de la part du peuple, devaient ensuite offrir 10% de cette dîme aux prêtres, descendants d’Aaron. Ces derniers, n’ayant pas de terres à cultiver ou de bétail à élever à Jérusalem, dépendaient de cette dîme pour subvenir à leurs besoins.
Jérusalem n’étant pas incluse parmi les 48 villes lévitiques énumérées dans Josué 20, les prêtres officiant au Temple de Jérusalem ne bénéficiaient pas de la dîme lévitique. La dîme des prêtres était donc un moyen vital de soutenir leur service religieux et constituait une part importante de leurs moyens de subsistance.
Les prêtres jouaient un rôle crucial dans les rites et cérémonies au Tabernacle, et plus tard dans le Temple de Jérusalem (Nombres 18 : 21-28). Ils officiaient dans les sacrifices, les offrandes et les cérémonies religieuses, constituant un pilier central de la vie rituelle d’Israël. La dîme de la dîme était essentielle pour leur permettre de se consacrer pleinement à ces fonctions sacrées.
- La dîme des fêtes
Tu prélèveras la dîme de tout ce que produira ta semence, de ce que ton champ rapportera chaque année, et tu mangeras devant l’Eternel, ton Dieu, à l’endroit qu’il choisira pour y faire résider son nom, la dîme de ton blé, de ton vin nouveau et de ton huile, ainsi que les premiers-nés de ton gros et de ton petit bétail. Ainsi tu apprendras à toujours craindre l’Eternel, ton Dieu. Lorsque l’Eternel, ton Dieu, t’aura béni, peut-être le chemin sera-t-il trop long pour que tu puisses transporter ta dîme, parce que tu habiteras loin de l’endroit que l’Eternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire résider son nom. Alors, tu échangeras ta dîme contre de l’argent, tu serreras cet argent dans ta main et tu te rendras à l’endroit que l’Eternel, ton Dieu, aura choisi. Là, tu achèteras avec cet argent tout ce que tu désireras – bœufs, brebis, vin et liqueurs fortes, tout ce qui te fera plaisir – tu mangeras devant l’Eternel, ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta famille. Tu ne délaisseras pas le Lévite qui habitera dans ta ville, car il n’a ni part ni héritage avec toi.
Deutéronome 14 : 22–27
La dîme des fêtes, également connue sous le nom de dîme de réjouissance, représentait une part des produits de la terre et du bétail que les fermiers et les agriculteurs israélites devaient consacrer tous les ans, en plus de la dîme lévitique.
Contrairement à la dîme lévitique, cette dîme, équivalant généralement à 10 % des récoltes, n’était pas destinée aux Lévites, mais était utilisée par les Israélites eux-mêmes pour célébrer les fêtes religieuses, en particulier la Fête des Tabernacles. Elle était vraisemblablement apportée à Jérusalem (Deutéronome 12 : 17-18).
Ce prélèvement annuel avait un double objectif. D’une part, il permettait aux Israélites de participer activement aux fêtes religieuses en utilisant ces ressources pour acheter de la nourriture, des boissons et d’autres nécessités pour la célébration. D’autre part, il servait à renforcer la communauté et le partage, car les Israélites étaient encouragés à inclure les Lévites.
- La dîme des pauvres
Tous les 3 ans, tu sortiras toute la dîme des produits que tu auras obtenus durant cette troisième année et tu la déposeras dans ta ville. Alors le Lévite qui n’a ni part ni héritage avec toi, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui habiteront dans ta ville viendront et ils mangeront à satiété. Ainsi l’Eternel, ton Dieu, te bénira dans tous les travaux que tu entreprendras de tes mains.
Deutéronome 14 : 28-29
La dîme des pauvres, qui consistait également en 10 % des récoltes et du bétail, était spécifiquement destinée à venir en aide aux personnes démunies de la société israélite, y compris les Lévites (qui ne possédaient pas de terre), les étrangers, les orphelins et les veuves.
Cette dîme se distinguait des autres par sa périodicité : elle n’était pas collectée chaque année, mais plutôt lors des troisième et sixième années dans un cycle de sept ans, en fonction de ce que produisaient les agriculteurs et les bergers (Deutéronome 14 : 28-29).
Contrairement aux autres dîmes qui étaient centralisées, comme celles entreposées au Temple de Jérusalem, la dîme des pauvres était gérée localement, au sein même de la communauté où elle était collectée.
- Conclusion : La Dîme dans Malachie 3 : 10 est la dîme des prêtres
Puisqu’elle devait être allouée au Temple de Jérusalem, la dîme improprement remise, référencée dans Malachie 3 : 10, semble être la dîme des prêtres. Cette interprétation est d’ailleurs corroborée par le contexte de Malachie, où de nombreux reproches sont adressés aux prêtres tout au long du livre.
C) Quelle était la nature des offrandes ?
(…) « En quoi t’avons-nous trompé ?» Dans les dîmes et les offrandes. Malachie 3 : 8
Les offrandes dans l’Ancien Testament comprenaient à la fois des contributions obligatoires, prescrites par la loi mosaïque, et des dons volontaires, offerts selon la dévotion personnelle. Ces contributions variaient en nature et en montant, et pouvaient inclure de l’argent, des animaux, des produits agricoles, de l’encens, ou d’autres biens.
A la différence de la dîme, les offrandes étaient données selon les circonstances individuelles et pouvaient être apportées à tout moment. Elles étaient destinées à diverses fins, telles que l’adoration, la gratitude, la repentance, la purification, ou l’expiation de fautes spécifiques.
Certaines de ces offrandes, conformément aux directives, étaient soit entièrement consumées par le feu, soit utilisées d’une manière spécifique dans le cadre des rituels. D’autres, en revanche, étaient conservées dans la maison du trésor du Temple, telles que :
- Les prémices des récoltes et du bétail (Néhémie 10 : 35-37)
- Des portions du sacrifice qui revenaient aux prêtres (Lévitique 7 : 14)
- Des offrandes pour la Construction du Tabernacle (Exode 25 : 2-3 ; Exode 35 : 5), puis le second Temple (Esdras 8 : 25)
D) En quoi consiste cette malédiction ?
Vous êtes frappés par la malédiction et vous me trompez, la nation tout entière !
Malachie 3 : 9
Le verset commence par affirmer que la nation est déjà sous une malédiction qui semble être la conséquence du non-respect de la loi Mosaïque. Les manifestations de cette malédiction sont listées dans Deutéronome 28 et comprennent des difficultés d’ordre économique et agricole, notamment sous forme de famine, de pauvreté, et de baisse de fertilité des sols.
En revanche, si tu n’obéis pas à l’Eternel, ton Dieu, en respectant et mettant en pratique tous ses commandements et toutes ses prescriptions, que je te donne aujourd’hui, voici toutes les malédictions qui t’atteindront et seront ton lot.
Deutéronome 28 : 15
Il est important de noter que même sous la malédiction, le peuple d’Israël persévérait dans la désobéissance en volant les dîmes et les offrandes destinées à Dieu. Cette attitude révèle une obstination et une réticence à se repentir et à retourner sur le chemin dicté par le Créateur.
E) Qu’est-ce que la maison du trésor ?
Apportez toutes les dîmes à la maison du trésor afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison. (…)
Malachie 3 :10
Dans Malachie 3 : 8-10, la « maison » et la « maison du trésor » se réfèrent essentiellement au même lieu, mais avec des nuances légèrement différentes.
La « maison » fait référence au temple de Dieu dans son ensemble, comme lieu de culte et centre spirituel de la nation d’Israël.
Montez sur la montagne, apportez du bois et construisez le temple ! J’en aurai de la joie et je serai honoré, dit l’Eternel. Vous comptiez sur beaucoup, et vous avez eu peu ; vous l’avez rentré chez vous, mais j’ai soufflé dessus. Pourquoi ? déclare l’Eternel, le maître de l’univers. A cause de ma maison qui est détruite, tandis que vous vous empressez chacun pour votre maison.
Aggée 1 : 8-9
La « maison du trésor » se réfère spécifiquement à certaines chambres ou zones du temple, dédiées au stockage des dîmes, des offrandes, et d’autres biens précieux. Ces provisions servaient principalement à subvenir aux besoins des prêtres lévites et au maintien du temple. En plus, des ustensiles sacrés, essentiels pour le culte et les rites religieux, souvent fabriqués en métaux précieux comme l’or ou l’argent, étaient également conservés dans ces espaces.
En effet, c’est dans ces salles que les Israélites et les Lévites doivent apporter les prélèvements de blé, de vin nouveau et d’huile ; c’est là que se trouvent les ustensiles du sanctuaire et que se tiennent les prêtres qui font le service, les portiers et les musiciens. Nous n’abandonnerons pas la maison de notre Dieu. »
Néhémie 10 : 40
F) Comment comprendre l'action de tester Dieu ?
(…) Mettez-moi ainsi à l’épreuve, dit l’Eternel (…)
Malachie 3 : 10
Dans Malachie 3:10, » mettez-moi ainsi à l’épreuve » signifie que Dieu invite les croyants à lui faire confiance et à lui obéir en apportant leurs dîmes, en retour de quoi il promet d’ouvrir « les écluses des cieux » et de les bénir.
C’est un défi lancé par Dieu lui-même, dans lequel il encourage les israélites à agir par foi, en lui obéissant, et à voir comment il répondra généreusement à leur obéissance. L’invitation divine à « tester » dans Malachie 3 était une situation exceptionnelle. Elle reflétait une période de crise où Dieu cherchait à rappeler Son peuple à l’obéissance.
Dans la majorité des cas, mettre Dieu à l’épreuve est décrit comme une action dangereuse et souvent condamnée, surtout lorsqu’elle émane d’un cœur de rébellion, de plainte ou d’incrédulité, comme en témoignent les récits d’Exode 17 : 2-7, Deutéronome 6 : 16-17 et Psaume 95 : 8-9.
Dans ces versets, le terme nasah en hébreux (« Mettre à l’épreuve » ou « provoquer ») signifiait murmurer contre Dieu et ses dispensations, mais aussi d’exiger de lui des manifestations extraordinaires de sa puissance et de sa bonté.
N’endurcissez pas votre cœur comme à Meriba, comme lors de la journée de Massa, dans le désert : là vos ancêtres m’ont provoqué, ils m’ont mis à l’épreuve, bien qu’ils m’aient vu agir.
Psaume 95 : 8-9
Vous ne provoquerez pas l’Eternel, votre Dieu, comme vous l’avez fait à Massa. Vous respecterez les commandements de l’Eternel, votre Dieu, ses instructions et ses prescriptions qu’il vous a données.
Deutéronome 6 : 16-17
Jésus a d’ailleurs cité Deutéronome 6 : 16 dans le désert, en réponse à une des tentations de Satan.
Jésus lui dit : «Il est aussi écrit: Tu ne provoqueras pas le Seigneur, ton Dieu.
Matthieu 4 : 7
En effet, mettre Dieu à l’épreuve sans Son consentement explicite, révèle un manque de confiance dans Sa souveraineté et Ses promesses et expose à des conséquences négatives.
Il existe de rares exceptions comme Malachie 3 et Isaïe 7, où Dieu invite les individus à le tester. Il s’agissait néanmoins d’une instruction divine précise pour un cas particulier, et non d’une permission universelle de mettre Dieu à l’épreuve.
Le Seigneur parla encore ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. » Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »
Isaïe 7:10-12
G) À quoi correspondent "les fenêtres du ciel" et "les bénédictions" ?
(…) et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les fenêtres du ciel, si je ne déverse pas sur vous la bénédiction en abondance.
Malachie 3 : 10
Dans le contexte de Malachie 3 : 8-10, le terme arubbot en hébreux (« les fenêtres ») évoque l’image de portes ou d’écluse dans le ciel qui, lorsqu’elles sont ouvertes, permettent à la pluie de descendre sur terre.
Cette imagerie des arubbot se retrouve également dans le récit du Déluge dans Genèse 7 : 11, où les ‘écluses’ du ciel se sont ouvertes.
L’an 600 de la vie de Noé, le dix-septième jour du deuxième mois, toutes les sources du grand abîme jaillirent et les écluses du ciel s’ouvrirent. La pluie tomba sur la terre pendant 40 jours et 40 nuits.
Genèse 7 : 11-12
Ainsi, la bénédiction dont il est question ici semble faire référence à de la pluie. Dieu promet de mettre fin à la sécheresse et à la famine en fournissant les précipitations nécessaires pour les récoltes si les Israélites, population majoritairement agraire, respectaient leur obligation de donner la dîme.
Cette perspective de bénédictions liées à l’agriculture est corroborée par Malachie 3 : 11, où il est stipulé que, si les dîmes sont versées, Dieu protégera les récoltes de la dévastation causée par les insectes.
Pour vous je menacerai l’insecte vorace afin qu’il ne détruise pas les produits du sol et que la vigne ne soit pas stérile dans vos campagnes, dit l’Eternel, le maître de l’univers.
Malachie 3 : 11
#4 Six clarifications contre la mauvaise utilisation de Malachie 3 dans les églises
De nombreux pasteurs font référence à Malachie 3 pour encourager leurs fidèles à donner la dîme, la décrivant comme un chemin vers la prospérité et avertissant que son omission équivaudrait à un vol envers Dieu.
Cependant, une analyse rigoureuse et contextuelle du texte révèle que cette interprétation est très discutable, soulevant des questions sur les compétences et les motivations de ceux qui la propage.
Cette section apportera des clarifications essentielles à ce passage, visant à dissiper les interprétations erronées et à encourager une application fidèle et réfléchie de Malachie 3 : 8-10.
Clarification #1 : une situation spécifique, non transposable à l'époque actuelle.
La première erreur est d’interpréter ce passage sans prendre en compte le contexte. Ces critiques et promesses ciblaient spécifiquement les israélites dans une période bien précise de l’histoire. En effet, après la reconstruction du temple, les Israélites, de retour d’exil, étaient tombés sous la malédiction pour avoir enfreint la loi mosaïque, incluant le non-versement des dîmes.
Par ailleurs, les chrétiens ne sont plus sous la menace de la malédiction de l’Ancienne Alliance, ils sont sous la grâce de la Nouvelle, établie par Jésus. Les disciples de Christ ne sont plus soumis aux exigences rituels et civils prescrits par la loi de l’Ancien Testament.
Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous, puisqu’il est écrit: Tout homme pendu au bois est maudit. Galates 3 : 13
Clarification #2 : L'invitation à tester Dieu constituait une exception.
L’invitation divine à « tester » dans Malachie 3 : 8-10 était une situation exceptionnelle, non un principe général applicable. Elle reflétait une période de crise où Dieu cherchait à rappeler Son peuple à l’obéissance.
Comme expliqué précédemment, mettre Dieu à l’épreuve, sans Son consentement explicite, expose à des conséquences négatives et révèle un manque de confiance dans Sa souveraineté et Ses promesses.
Vous ne provoquerez pas l’Eternel, votre Dieu, comme vous l’avez fait à Massa. Vous respecterez les commandements de l’Eternel, votre Dieu, ses instructions et ses prescriptions qu’il vous a données.
Deutéronome 6 : 16-17.
La foi véritable repose sur la confiance en Dieu et en ses plans, même lorsqu’ils ne sont pas toujours alignés avec les aspirations du croyant. Par conséquent, les pasteurs qui incitent leurs fidèles à mettre Dieu à l’épreuve pour obtenir des bénédictions les poussent indirectement à commettre un péché.
Clarification #3 : La dîme n’est plus applicable aujourd’hui
Une autre erreur dans l’utilisation erronée de Malachie 3 est de penser que la dîme est toujours d’actualité, ce qui n’est plus le cas. La section suivante exposera les raisons de cette obsolescence.
Raison #1 : Le chrétien n’est plus sous la loi Mosaïque, ni dans une théocratie.
Le seul moment où les dîmes étaient obligatoires, c’était au temps de la loi. Cet « impôt » servait à organiser la nation d’Israël qui était alors une théocratie. Elles étaient principalement utilisées pour soutenir les lévites et les fonctions du temple, mais aussi les pauvres et les étrangers parmi le peuple.
Or, le contexte est aujourd’hui différent, car l’Église n’a pas de terre, de gouvernement ou encore de fonctions juridiques. Le chrétien est sous la Nouvelle Alliance, il est sous la Grâce.
Car Christ est la fin de la loi pour que tous ceux qui croient reçoivent la justice.
Romains 10 : 4
De plus, aucun passage du Nouveau Testament ne préconise le paiement de la dîme ; il met plutôt l’accent sur l’importance des contributions volontaires, au lieu d’une exigence imposée.
Que chacun donne comme il l’a résolu en son coeur, sans tristesse ni contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie.
2 Corinthiens 9 : 7
Raison #2 : il existait 4 dîmes … le paiement allait au-delà de 10%
Comme mentionné précédemment, les bergers et les agriculteurs d’Israël avait l’obligation de verser trois types de dîmes, la quatrième s’appliquant uniquement aux Lévites. Au temps de la loi, le total des dîmes prélevées dépassait largement les 10% communément évoqués par les églises contemporaines. Le calcul est le suivant :
– Dîme des lévites : 10% par an
– Dîme des fêtes : 10 % par an
– Dîme des pauvres : 10% tous les 3 ans, soit 3,3% par an
En cumulant toutes ces dîmes, le pourcentage annuel des récoltes et du bétail s’élevait à environ 23,3 % chaque année. (10 + 10 + 3,3)
Ainsi, les pasteurs qui utilisent Malachie 3 : 10 pour justifier la dîme dans le contexte actuel ne prennent pas en compte la complexité et l’ampleur des contributions requises par la loi mosaïque.
Il est aussi essentiel de souligner que la dîme entreposée dans la maison du trésor, mentionnée dans Malachie, correspondait vraisemblablement à la dîme de la dîme, c’est-à-dire la portion que les Lévites étaient eux-mêmes tenus de verser aux prêtres. Le peuple ne devait pas verser cette dîme.
Raison #3 : Les 4 dîmes étaient versées sous forme de produits agricoles
La troisième raison qui différencie les 4 dîmes mosaïques de la pratique moderne est sa nature. Historiquement, la dîme était principalement versée en produits agricoles, pas en argent.
Dans l’ancien Israël, une économie largement agraire, les dîmes étaient constituées de céréales, fruits, légumes, ou bétail. Ce système était logique dans un contexte où l’argent n’était pas la principale monnaie d’échange.
Il est vrai que la dîme pouvait être payé sous forme monétaire, mais constituait une dérogation à la règle générale, accordée pour des raisons de commodité pratique.
Peut-être lorsque l’Éternel, ton Dieu, t’aura béni, le chemin sera-t-il trop long pour que tu puisses transporter ta dîme, à cause de ton éloignement du lieu qu’aura choisi l’Éternel, ton Dieu, pour y faire résider son nom. Alors, tu échangeras ta dîme contre de l’argent, tu serreras cet argent dans ta main, et tu iras au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi. Là, tu achèteras avec l’argent tout ce que tu désireras, des boeufs, des brebis, du vin et des liqueurs fortes, tout ce qui te fera plaisir, tu mangeras devant l’Éternel, ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta famille.
Deutéronome 14 : 24-26
Raison #4 : Les dîmes étaient uniquement versées par les agriculteurs et les bergers.
Une autre méprise répandue au sujet du paiement des dîmes est la croyance selon laquelle l’ensemble de la population devait s’acquitter des trois types de dîmes (la quatrième, la dîme de la dîme, étant uniquement applicable aux Lévites).
En réalité, comme les dîmes étaient payées en nature, sous forme de produits agricoles ou de bétail, elles étaient principalement destinées aux agriculteurs et aux bergers. De ce fait, ces prélèvements excluaient d’autres catégories professionnelles telles que les artisans et les pêcheurs.
Raison #5 : La dîme donnée par Abram et Jacob était ponctuelle
Avant la loi mosaïque, Abraham et Jacob ont versé une dîme (Genèse 14 : 18 – 20, Genèse 28 : 22). Certains utilisent cet épisode historique pour dire que la dîme est intemporelle et quelle serait toujours applicable aujourd’hui.
A mon sens, il est difficile d’utiliser ces dîmes pour justifier leur existence aujourd’hui. En effet, dans ces cas, la dîme versée par Abraham et Jacob, était un évènement ponctuel, non récurrent et volontaire
Abraham a offert sa dîme à Melchisédek, le roi de Salem, spontanément et une seule fois, suite à un triomphe militaire. Jacob, de son côté, a juré de verser la dîme, mais seulement à la condition que son retour dans sa terre natale se fasse en toute sécurité.
Jacob fit ce vœu : « Si Dieu est avec moi et me garde pendant mon voyage, s’il me donne du pain à manger et des habits à mettre, et si je reviens dans la paix chez mon père, alors l’Eternel sera mon Dieu. Cette pierre dont j’ai fait un monument sera la maison de Dieu et je te donnerai la dîme de tout ce que tu me donneras. »
Genèse 28 : 22
Par conséquent, il est essentiel de distinguer ces actes historiques, ancrés dans des circonstances très spécifiques, de la pratique systématique et réglementée de la dîme instituée plus tard dans la loi mosaïque, et de l’idée d’une dîme chrétienne.
En somme, la dîme de Malachie 3 n’est pas destinée à perdurer hors de l’Ancienne Alliance. Sous la Nouvelle, le don se fait librement, par générosité et engagement du cœur.
À lire : un chrétien doit-il payer la dîme ?
Clarification #4 : La bénédiction de Malachie 3 concernait la pluie
La mention des « fenêtres du ciel » dans Malachie 3 :1 0 renvoie à une bénédiction spécifique et concrète : la pluie nécessaire à l’agriculture. Ce n’est pas une métaphore pour une abondance de biens matériels conditionnée par le paiement d’une dîme légale de 10% du revenu.
Cette perspective agraire est corroborée par Malachie 3:11 où Dieu promet de protéger leurs récoltes des sauterelles (ou des insectes nuisibles), ce qui était une menace majeure pour l’agriculture et la subsistance à cette époque.
Pour vous je menacerai l’insecte vorace afin qu’il ne détruise pas les produits du sol et que la vigne ne soit pas stérile dans vos campagnes, dit l’Eternel, le maître de l’univers
Malachie 3 :11
Clarification #5 : L’église locale n’est pas la maison du trésor
Contrairement à une croyance très répandue dans certains milieux chrétiens, l’église locale ne correspond en rien à la « maison du trésor » mentionnée dans Malachie 3 :10. Cette dernière fait référence à un lieu physique de stockage pour les dîmes, qui étaient principalement des récoltes et du bétail, et non de l’argent.
L’église locale n’est pas un grenier à dîmes, ni un édifice physique, mais un corps de croyants, les « pierres vivantes » qui constituent la maison spirituelle et le saint sacerdoce de Dieu.
Approchez-vous de Christ, la pierre vivante rejetée par les hommes mais choisie et précieuse devant Dieu, et vous-mêmes, en tant que pierres vivantes, laissez-vous édifier pour former une maison spirituelle, un groupe de prêtres saints, afin d’offrir des sacrifices spirituels que Dieu peut accepter par Jésus-Christ.
1 Pierre 2 : 4-5
Ainsi, la Nouvelle Alliance ne considère pas l’église locale comme l’équivalent de l’ancienne maison du trésor. Les dons financiers, bien que nécessaires pour soutenir les ministères et les besoins de l’église, ne devraient pas être considérés comme une obligation liée à un édifice ou à une institution.
Clarification #6 : La Bible condamne l’amour de l’argent
Bien que la Bible ne condamne pas l’enrichissement en soi, l’amour de l’argent est réprouvé. Des versets, tels que 1 Timothée 6 : 10 rappellent que la priorité en tant que croyants devrait être la recherche de richesses spirituelles plutôt que matérielles.
L’amour de l’argent est en effet à la racine de tous les maux. En s’y livrant, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé eux-mêmes bien des tourments.
1 Timothée 6 : 10
Contribuer financièrement à l’expansion du Royaume, que ce soit par le biais de l’église locale ou d’œuvres chrétiennes, devrait être motivé par la volonté d’obéir à Dieu et par un amour sincère pour les autres, dans l’espoir que ces derniers entendent l’Évangile et accèdent au salut. Donner à l’église dans le but de s’enrichir ou d’être béni est une compréhension erronée de la foi chrétienne.
Les pasteurs prônant cette théologie de la prospérité, en promettant richesse et bénédiction en contrepartie de contributions financières, cultivent des espoirs illusoires parmi leurs fidèles.
Ils ignorent certains principes fondamentaux de la Bible, menant ainsi les croyants à l’erreur en les incitant à convoiter les biens terrestres plutôt que de rechercher les véritables trésors spirituels.
#5 Conclusion
Pour conclure, il est crucial de discerner la vérité derrière les interprétations divergentes de Malachie 3 : 8–10. Beaucoup de prédicateurs ont propagé des enseignements erronés sur la dîme, induisant en erreur les fidèles quant à ses implications spirituelles et matérielles.
Il est donc impératif d’aborder ces textes avec une compréhension éclairée et contextuelle pour éviter de transformer une pratique ancienne en une doctrine moderne inappropriée.
Ce blog a pour objectif de vous aider à améliorer vos finances personnelles à travers des principes bibliques et des enseignements financiers.
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8 commentaires
Gérard SOKEGBE · 28/12/2023 at 9:44 am
Le texte est bien structuré et très instructif voir édifiant. Les ministres de Dieu de notre époque se disent les remplaçants des Lévites et réclament la dime des fidèles pendant qu’eux-mêmes dans la fonction de prêtrise devraient aussi libérer les 10% maintenant qui seront destinés à qui? Honnêtement, on a l’impression que la loi continue d’être appliquée sous la grâce dans les aspects qui intéressent les leaders. Changer les habitudes prendra certainement du temps. Aujourd’hui la dime est payée en monnaie à chaque culte de même que les offrandes sans tenir compte des 23.3%. Vivement que la vérité triomphe pour que l’œuvre que Christ a accomplie à la croix puisse apporter la liberté spirituelle dans la vie de tous les croyants. Si la loi ne s’applique plus sous la grâce, l’Apôtre Paul dans 2 corinthiens 9:8 recommande qu’on doit donner sans contrainte ni tristesse car Dieu aime ceux qui donnent avec joie.
TOUTOUKPE Andre · 28/12/2023 at 3:18 pm
Bien édifiant cette étude ! Je suis indubitablement ému.
Je vous souhaite encore plus de sagesse nécessaire et
davantage de moyens financiers à l’effet d’instruire vos
auditeurs sommes-nous.
Recevez donc mes sincères remerciements.
Bonne et heureuse année 2024 !
Yao · 03/01/2024 at 6:56 am
Soyez béni ! Merci pour la clarté de votre analyse , Dieu vous le rende au centuple !!
Edouard Calvaire · 05/01/2024 at 1:28 am
Enseignement vraiment lumineux sur la dîme malheureusement considérée comme une pratique sacro-sainte dans la plupart des églises dites évangéliques. Juste explication de Malachie 3: 8-10 que malheureusement encore nos églises interprètent vraiment mal. Que le Seigneur vous bénisse et vous éclaire pour nous aider à comprendre la Sainte Parole de Dieu !
Desire. Gbeli · 18/05/2024 at 1:16 pm
Question :
1/ la dîme faisait elle parti du decalogue ?
2/ quelle est la situation ou le soutien financière de l’église aujourd’hui ?
La remonte jusqu’à Melshisedeck : qu’en est-elle ?
evariste kayembe · 21/05/2024 at 9:20 pm
Ça vraiment c’est un bon enseignement
Bardo · 06/06/2024 at 9:52 pm
Très instructif votre message que Dieu vous bénisse
Marquez Guy Felix · 25/10/2024 at 12:28 am
Je suis Marquez Guy Felix, un predicateur d’origine haïtienne. cela fait desd annees depuis que j’enseigne sur la pratique de la dîme. votre façon de contextualiser le passage : Malachie 3 : 8 à 11, se révèle très remarquable. je suits d’accord avec Vous presque sur toute la ligne. settlement, Vous n’avez pas assez abondé sur la dîme comment étant une libéralité du temps d’Abram et de Jacob. Vous avez oublié Aussi de souligner la dîme comment étant d’abord comment un Principe financier. Et, ce même Principe est évoqué Dan’s 1 Corinthiens 9 : 13, 14, si je ne m’abuse. ma conclusion, c’est que la dîme comment Principe de base devrait perdurer Dan’s la dispensation de la grâce, non à la manière des Israëlites sous la loi de Moïse, mais comment une offrande volontaire, résolue, personnel à chacun des chrétiens. je crois qu’il est encore une bonne chose de continuer à donner la dîme, une dîme volontaire, sans contrainte, selon que Notre Coeur nous motive. je crois à l’actualité d’une dîme chrétienne volontaire sous la grâce. Félicitations pour vos superbes et profondes analyses!