Dette et prêts : une perspective chrétienne sur l’emprunt et l’usure
Publié par Valentin le
Dette et prêts : une perspective chrétienne sur l'emprunt et l’usure
« Le monde serait bien meilleur si les couples mariés étaient aussi profondément amoureux qu’ils sont endettés. » – Earl Wilson
Le crédit et l’emprunt d’argent sont des aspects incontournables de la vie moderne, mais peuvent être source de dilemmes éthiques et spirituels pour les croyants.
Comment concilier les enseignements bibliques avec les réalités économiques d’aujourd’hui ? Quelle attitude adopter face à la dette et aux prêts d’argent dans un contexte chrétien ?
L’objectif de cet article est d’explorer la thématique de l’endettement et de l’emprunt à travers le prisme de la foi. Il étudiera notamment les divers passages bibliques liés à ce sujet, analysera les diverses positions de l’église face aux intérêts et à l’usure au fil des siècles, et traitera des considérations éthiques et pratiques d’aujourd’hui.
Table des matières
#1 Définitions clés
A. La dette
La dette est une somme d’argent ou un autre bien qu’une personne ou une entité doit à une autre. Elle résulte généralement d’un prêt, d’un achat à crédit, ou d’une promesse de paiement pour des biens ou services reçus. Dans le contexte biblique, la dette peut aussi représenter une obligation morale ou spirituelle.
B. L'intérêt
L’intérêt est la somme payée par un emprunteur au prêteur en plus du remboursement du principal (le montant initial prêté). L’intérêt est traditionnellement exprimé en pourcentage du principal et peut être calculé sur une base annuelle (taux annuel) ou sur d’autres périodes. Il constitue la rémunération du prêteur pour le risque et le coût d’opportunité associés au prêt de l’argent.
C. L'usure
L’usure est la pratique consistant à prêter de l’argent à des taux d’intérêt excessivement élevés, souvent en tirant profit de la vulnérabilité ou de la détresse financière des débiteurs.
Dans le contexte biblique et historique chrétien, l’usure peut également désigner l’ensemble des intérêts perçus sur un prêt, indépendamment du taux. L’usure est fréquemment condamnée comme immorale et injuste, car elle exploite les emprunteurs et aggrave leur situation financière.
#2 L’endettement et l’usure dans la Bible
A. L’endettement et l’usure dans l’Ancien Testament
Dans cette partie, nous aborderons le sujet de l’endettement et des emprunts dans l’Ancien Testament, en examinant les pratiques des prêts entre Juifs, le rôle des gages, la dette en tant qu’instrument de domination, et la tradition de l’annulation des dettes lors du jubilé.
1. Pas de prêt entre israélites
Si tu prêtes de l’argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne seras point à son égard comme un créancier, tu n’exigeras de lui point d’intérêt.
Exode 22:24
Si ton frère devient pauvre et que ses ressources viennent à manquer près de toi, tu le soutiendras : il vivra avec toi comme un étranger et un habitant. Tu ne prendras de lui ni intérêt ni usure, mais tu craindras ton Dieu, et ton frère vivra avec toi. Tu ne lui prêteras point ton argent à intérêt, et tu ne prêteras point de tes denrées à usure.
Lévitique 25:35-37
Ces versets mettent en évidence l’importance de la solidarité entre les membres du peuple d’Israël. Ils enseignent que lorsqu’on prête de l’argent à un compatriote indigent, on ne doit pas exiger d’intérêts sur le prêt.
Le but est d’aider le pauvre à surmonter ses difficultés financières sans l’accabler de dettes supplémentaires dues aux intérêts. Il est important de mentionner qu’il n’y a pas de différence claire entre l’intérêt et l’usure dans ce passage, ils semblent être considérés comme équivalents.
Néhémie exprimera d’ailleurs son mécontentement face aux pratiques d’usure exercées par certains nobles et magistrats de la communauté juive.
Je résolus de faire des réprimandes aux grands et aux magistrats, et je leur dis: Quoi! vous prêtez à intérêt à vos frères! Et je rassemblai autour d’eux une grande foule,
Néhémie 5:7
Bien que l’usure était prohibée entre les Israélites, elle était néanmoins autorisée pour les prêts accordés aux étrangers :
Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt ni sur l’argent, ni sur les denrées, ni sur aucune chose qui se prête à intérêt. Tu pourras tirer un intérêt de l’étranger, mais tu n’en tireras point de ton frère, afin que l’Eternel, ton Dieu, te bénisse dans tout ce que tu entreprendras au pays dont tu vas prendre possession.
Deutéronome 23:19-20
2. Le rôle des gages : une sécurité pour le prêteur
Si tu prends en gage le vêtement de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil ;
Exode 22:26
Dans l’Ancien Testament, le gage était un élément central des transactions de prêt. Un gage est un objet de valeur ou un bien matériel offert par l’emprunteur au prêteur en garantie du remboursement du prêt. Il est comparable à un collatéral dans le contexte financier moderne.
Si l’emprunteur ne parvenait pas à rembourser le prêt, le prêteur avait alors le droit de conserver le gage pour compenser la dette.
Plusieurs règles concernant les gages avaient pour objectif de protéger les emprunteurs:
- Le prêteur ne devait pas entrer dans la maison de l’emprunteur pour prendre un gage (Deutéronome 24:10-11).
- Le prêteur devait rendre le gage à un emprunteur pauvre chaque soir s’il s’agissait d’un objet essentiel pour sa vie quotidienne, comme un vêtement (Deutéronome 24:12-13). Cela garantissait que l’emprunteur ne soit pas privé de biens essentiels.
- Il était interdit de prendre en gage des objets de première nécessité, comme la meule à main servant à moudre le grain (Deutéronome 24:6).
3. La dette comme outil de domination
Car l’Eternel, ton Dieu, te bénira, comme il te l’a promis. Tu prêteras à beaucoup de nations, et tu n’emprunteras point ; tu domineras sur beaucoup de nations, et elles ne domineront point sur toi.
Deutéronome 15:6
Le riche domine sur les pauvres, Et celui qui emprunte est l’esclave de celui qui prête.
Proverbes 22:7
Les Écritures soulignent également les possibles conséquences néfastes de l’endettement pour les individus et les nations. Deutéronome 15:6 et Proverbes 22:7 illustrent cette réalité en soulignant comment la dette peut créer des relations de pouvoir déséquilibrées entre les créditeurs et les débiteurs. Ces derniers étant privés de leur liberté et de leur autonomie.
4. L’annulation de la dette lors du jubilé
Tu compteras sept sabbats d’années, sept fois sept années, et les jours de ces sept sabbats d’années feront quarante-neuf ans. Le dixième jour du septième mois, tu feras retentir les sons éclatants de la trompette ; le jour des expiations, vous sonnerez de la trompette dans tout votre pays. Et vous sanctifierez la cinquantième année, vous publierez la liberté dans le pays pour tous ses habitants : ce sera pour vous le jubilé ; chacun de vous retournera dans sa propriété, et chacun de vous retournera dans sa famille. La cinquantième année sera pour vous le jubilé: vous ne sèmerez point, vous ne moissonnerez point ce que les champs produiront d’eux-mêmes, et vous ne vendangerez point la vigne non taillée. Car c’est le jubilé: vous le regarderez comme une chose sainte. Vous mangerez le produit de vos champs. Dans cette année de jubilé, chacun de vous retournera dans sa propriété.
Lévitique 25:8-13
Le Jubilé est une célébration hébraïque qui se déroulait tous les 49 et 50 ans. Cet événement marquait un temps de repos pour la terre, de libération pour les esclaves hébreux, de retour des terres vendues à leurs propriétaires d’origine et d’annulation des dettes.
Le Jubilé visait à promouvoir l’égalité économique et sociale, en encourageant la justice, la compassion et la solidarité au sein de la communauté israélite.
Bien que l’annulation des dettes ne soit pas explicitement mentionnée dans Lévitique 25:8-13, elle est sous-entendue par la notion de « liberté » qui est proclamée dans le pays pour tous ses habitants, ainsi que par le retour de chacun à sa propriété et à sa famille.
En d’autres termes, les dettes étaient annulées pour permettre aux gens de retrouver leur terre et leur famille sans être accablés par leurs obligations financières passées.
B. L’endettement et l’usure dans le Nouveau Testament
L’approche de la dette varie entre l’Ancien et le Nouveau Testament. L’Ancien traite la dette sous un angle économique et social, avec des règles précises sur les prêts, les intérêts et l’annulation des dettes. Le Nouveau, tout en mentionnant la dette financière, l’emploie davantage pour des aspects spirituels et moraux.
1. La Parabole des talents : la banque et les intérêts
Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt.
Matthieu 25 : 26-27
Dans la Parabole des talents (Matthieu 25:14-30), les intérêts sont mentionnés lorsque le maître évalue la gestion de ses serviteurs. Le serviteur qui n’a reçu qu’un seul talent a enterré l’argent au lieu de l’investir ou de le faire fructifier.
Lorsque le maître revient et apprend ce que le serviteur a fait, il le réprimande pour sa mauvaise gestion. À l’époque, la pratique courante impliquait que les banquiers ou les prêteurs accordent des prêts et percevaient des intérêts en retour.
Cette référence aux intérêts sert surtout à souligner l’importance d’employer les ressources de manière productive et responsable. Néanmoins, on peut envisager cette mention comme une indication que Jésus n’était pas nécessairement opposé à toutes les formes de prêts avec intérêts.
2. Prêter pour aider les autres
Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.
Matthieu 5 : 42
Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on? Les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs, afin de recevoir la pareille. Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants.
Luc 6 : 34-35
Matthieu 5:42 et Luc 6:34-35 soulignent l’importance de la générosité et de l’amour envers autrui, y compris dans le prêt d’argent. Matthieu 5:42 encourage à donner sans se détourner de ceux qui demandent de l’aide financière. Luc 6:34-35 exhorte à prêter sans rien attendre en retour, en aimant ses ennemis et en faisant le bien.
Ces passages incitent les chrétiens à agir avec générosité, amour et sans attentes envers les autres, même lorsqu’il s’agit de prêter de l’argent.
Cependant, de nombreux théologiens soutiennent que cette générosité doit être exercée avec discernement, afin de prévenir l’assistanat et des comportements de débauche chez certains individus aidés.
3. Ne pas avoir de dettes
Rendez à tous ce qui leur est dû: l’impôt à qui vous devez l’impôt; le tribut à qui vous devez le tribut; la crainte à qui vous devez la crainte; l’honneur à qui vous devez l’honneur. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi.
Romains 13:7-8
Romains 13:7-8 met l’accent sur les responsabilités des chrétiens envers les autres et les autorités, encourageant l’évitement de l’endettement et le respect des engagements financiers.
Ce verset souligne l’importance de l’amour envers son prochain, considéré comme une dette constante et éternelle. Il rappelle également la nécessité de remplir ses obligations financières, comme payer les impôts et d’éviter de s’endetter.
4. La dette : symbole du péché et de l’offense
Dans certaines Paraboles et versets, la dette est utilisée pour représenter le péché et les offenses commis par les individus envers Dieu et autrui.
La Parabole du serviteur impitoyable en est une parfaite illustration (Matthieu 18 : 21-35). Le serviteur dont la dette colossale est pardonnée par le roi symbolise la situation du croyant face à Dieu, qui lui pardonne ses péchés malgré leur gravité. Le serviteur mentionné précédemment, en refusant de pardonner les dettes de son compagnon, évoque le chrétien qui refuse de pardonner à son prochain pour les offenses, les fautes ou les péchés commis.
Dans le Notre Père, le mot grec utilisé pour « offense » est ὀφείλημα (opheilēma), qui se traduit effectivement par « dette » ou « obligation financière ».
Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Matthieu 6 : 12
#3 Les prêts et l’usure dans l'histoire chrétienne
Le sujet complexe de la dette, particulièrement en ce qui concerne les prêts à intérêt, a engendré de nombreux débats et a donné lieu à diverses positions tout au long de l’histoire de l’Église. Cette section examinera les différentes perspectives qui ont émergé au fil du temps.
A. Les premiers chrétiens
Dans la Rome antique, les intérêts étaient généralement légaux, bien qu’il y ait eu des lois et des restrictions concernant les taux d’intérêt et les pratiques d’usure. Les taux d’intérêt variaient en fonction des circonstances, du type de prêt et de la qualité du débiteur. Les taux pouvaient être modérés ou élevés, allant de 4 % à 12 % par an, voire plus en cas de prêts à haut risque.
Cependant, les premiers chrétiens, en tant que minorité religieuse et souvent économiquement marginalisée, se distinguaient des pratiques dominantes de la société romaine.
En effet, suite à la mort et à la résurrection de Jésus, les premiers disciples ont créé des communautés où régnait l’entraide. Cette approche se distinguait de l’attitude plus tolérante envers les intérêts et l’usure présente dans la société romaine.
Les premiers chrétiens s’efforçaient probablement d’éviter l’usure et en se soutenant mutuellement face aux difficultés rencontrées par les membres de leur communauté.
B. L'interdiction de l'usure dans le christianisme médiéval
Pendant le Moyen Âge, l’Église catholique interdisait les intérêts sur les prêts, bien que son application puisse varier en fonction des contextes locaux, des autorités ecclésiastiques et de la période.
Cette interdiction a eu des répercussions économiques et sociales complexes, entraînant une limitation de l’accès au crédit et favorisant le recours à des prêteurs non chrétiens.
Le Concile de Nicée en 325 interdisait l’usure aux membres du clergé, et le Concile de Latran en 1139 étendait cette interdiction à toute la société. Des canonistes médiévaux, comme Gratien et Thomas d’Aquin, justifiaient cette interdiction par des arguments théologiques, éthiques et économiques, notamment pour défendre les plus démunis.
Malgré l’interdiction formelle, l’Église médiévale tolérait parfois certaines formes d’intérêt dans des circonstances spécifiques. Les institutions religieuses pouvaient, par exemple, percevoir des intérêts pour financer leurs œuvres charitables et sociales.
Le rôle des juifs, des lombards et des templiers
Durant le Moyen Âge, les prêts à intérêt étaient pratiqués par différentes communautés et institutions malgré l’interdiction de l’usure par l’Église catholique. Parmi ces acteurs, on retrouve les Juifs, les Lombards ou encore les Templiers, qui ont joué un rôle important dans le développement du système financier médiéval.
- Les Juifs :
Étant donné que l’usure était interdite par l’Église catholique, les chrétiens étaient souvent réticents à pratiquer le crédit. Les Juifs, quant à eux, étaient autorisés par la loi juive à prêter de l’argent avec intérêt aux non-Juifs.
De plus, cette communauté était souvent exclue des autres métiers et professions, ce qui l’a incité à se tourner vers le prêt d’argent comme source de revenus.
- Les Lombards :
Originaires du nord de l’Italie, les Lombards étaient des marchands et des banquiers qui ont établi des comptoirs de change et de prêt dans toute l’Europe médiévale.
Malgré l’interdiction de l’usure, les Lombards ont contourné cette règle en utilisant des mécanismes tels que le « contrat de change » ou le « contrat de société », qui leur permettaient de prêter de l’argent avec intérêt de manière déguisée.
- Les Templiers :
L’ordre des Templiers, créé au 12e siècle, était à l’origine une organisation religieuse et militaire. Cependant, avec le temps, ils ont développé un vaste réseau de commanderies à travers l’Europe et ont commencé à offrir des services financiers aux nobles et aux pèlerins. Les Templiers prêtaient de l’argent avec intérêt et étaient également impliqués dans le transfert de fonds entre différentes régions, ce qui leur a permis d’éviter les risques associés au transport de grandes sommes d’argent.
C. La Réforme protestante et la redéfinition de l'usure
La Réforme protestante a profondément modifié la position chrétienne sur l’emprunt. Les réformateurs, tels que Martin Luther, Jean Calvin et Huldrych Zwingli, critiquaient les abus et les contradictions de l’Église catholique en matière d’usure, tout en reconnaissant la nécessité économique et sociale des prêts à intérêt.
Martin Luther, avait une position assez conservatrice sur les prêts à intérêt. Bien qu’il ne condamnât pas totalement l’usure, il était préoccupé par les effets négatifs potentiels sur la société et les individus. Il soulignait l’importance de la charité et de la générosité envers les nécessiteux. Luther considérait que les prêts à intérêt pouvaient être acceptables dans certaines circonstances, mais insistait sur la modération et l’équité pour éviter l’exploitation des personnes vulnérables.
Calvin avait une approche plus pragmatique des prêts à intérêt que Luther. Il considérait cette pratique comme moralement acceptables, si les taux étaient raisonnables et les parties agissaient éthiquement.
Huldrych Zwingli, un autre réformateur protestant et contemporain de Luther et Calvin, avait également une approche nuancée concernant les prêts à intérêt. Bien qu’il ne soutînt pas une interdiction stricte de l’usure, il mettait l’accent sur la justice et l’éthique chrétienne dans les transactions financières.
En somme, la Réforme protestante a conduit à une réévaluation des enseignements sur l’usure et a ouvert la voie à une acceptation plus large du prêt à intérêt dans la société.
D. La perspective chrétienne moderne sur la dette et les prêts
Aujourd’hui, la perspective chrétienne sur la dette et les prêts continue d’évoluer, en tenant compte des réalités économiques et sociales modernes. Bien que l’usure excessive et l’exploitation des pauvres soient toujours condamnées, de nombreux croyants acceptent l’utilisation responsable du crédit et des prêts pour financer des projets, des études ou des investissements.
La prochaine section cherchera à éclairer la question de savoir si un chrétien peut emprunter de l’argent ou non, en tenant compte des principes bibliques et de la réalité économique actuelle.
#4 Le chrétien peut-il emprunter à intérêt ?
A. Les arguments en faveur de l’emprunt à intérêt
La parabole des talents est un bon argument biblique en faveur des prêts à intérêt. Le maître y félicite les serviteurs ayant investi et réalisé des profits. Bien que l’emprunt ne soit pas évoqué directement, l’idée de gérer les ressources et d’investir pour le Royaume de Dieu est sous-entendue. La parabole fait aussi référence aux intérêts, ce qui pourrait suggérer qu’ils ne sont pas nécessairement déconseillés.
De plus, Proverbes 22:7 met en garde contre l’endettement sans pour autant l’interdire.
D’un point de vue économique, l’emprunt peut s’avérer bénéfique s’il permet d’investir sur le long terme pour améliorer sa situation financière, comme dans l’éducation, l’achat immobilier ou le démarrage d’une entreprise.
Le crédit est également un moyen efficace de stimuler l’économie en offrant à la population un accès à des capitaux supplémentaires, favorisant ainsi une prospérité accrue.
B. Les arguments en défaveur de l’emprunt
Un argument biblique contre le prêt à intérêt pourrait être l’interdiction de l’Ancien Testament concernant les intérêts sur les prêts entre Israélites. Bien que les chrétiens ne soient pas directement concernés, cette prohibition divine interroge sur la moralité de cette pratique.
Par ailleurs, dans Romains 13:8, Paul incite les croyants à éviter les dettes pour ne pas être entravés par des obligations financières.
Du côté économique, l’emprunt peut mener à un endettement excessif pour les individus et les familles, entraînant un stress financier et pauvreté. Les emprunteurs peuvent devenir dépendants du crédit pour financer leur mode de vie, ce qui les empêche de prendre des décisions financières saines et responsables.
De plus, un endettement excessif peut avoir des conséquences néfastes sur l’économie en général, en contribuant à l’instabilité financière, à la réduction de la croissance et aux crises économiques.
C. Conclusion : le prêt est autorisé, mais …
À mon sens, il est possible pour un chrétien d’emprunter, à condition de le faire de manière responsable et pour des raisons valables. Cependant, il est nécessaire de prendre en compte les versets qui mettent en garde contre les dangers potentiels de l’endettement.
Les croyants doivent donc être prudents dans leurs décisions d’emprunt, en évitant l’endettement excessif et en veillant à utiliser les ressources empruntées de manière habile.
#5 À partir de quel moment, un intérêt devient de l’usure ?
Dans la Bible, il n’existe pas de taux précis qui détermine à quel moment un intérêt devient excessif. L’usure se produit généralement lorsque des intérêts sont imposés à un taux démesuré ou injuste, exploitant ainsi la situation financière de l’emprunteur. La distinction entre un intérêt légitime et l’usure peut varier selon les contextes culturels, économiques et personnels.
Il existe toutefois quelques considérations morales qui peuvent aider à évaluer si un intérêt est excessif ou inéquitable :
- Comparaison avec les taux du marché : si les intérêts exigés sont nettement supérieurs aux taux pratiqués sur le marché pour des prêts similaires, cela pourrait être considéré comme de l’usure.
- Capacité de remboursement de l’emprunteur : si l’emprunteur a peu ou pas de chances de rembourser le prêt en raison des intérêts élevés, cela peut constituer de l’usure. Les chrétiens doivent être attentifs à la situation financière de l’emprunteur et éviter d’imposer des charges qui pourraient causer des difficultés inutiles.
- Exploitation de la situation de l’emprunteur : si le prêteur tire parti de la vulnérabilité ou de l’ignorance de l’emprunteur pour ordonner des taux d’intérêt excessifs, cela peut être considéré comme de l’usure.
En résumé, la différence entre un intérêt acceptable et l’usure dépend des circonstances et des motivations qui guident les actions des personnes impliquées. Les chrétiens sont ainsi appelés à faire preuve de discernement, de justice et de bon sens dans leurs transactions financières, tout en évitant toute forme d’exploitation injuste envers autrui.
#6 Un chrétien peut-il prêter à intérêt à un autre chrétien ?
La possibilité pour un croyants de prêter de l’argent à son frère avec intérêt est une question complexe qui dépend notamment de l’interprétation des enseignements bibliques.
Dans l’Ancien Testament, il est clair que les Israélites étaient encouragés à ne pas prêter de l’argent à intérêt à leurs frères (Deutéronome 23:19-20). Cependant, le Nouveau Testament ne traite pas directement de cette question.
Certains chrétiens pourraient estimer qu’il est acceptable de prêter de l’argent à intérêt à un frère, tant que ce taux est raisonnable et n’exploite pas la personne emprunteuse. Ils pourraient soutenir que la situation économique et sociale moderne est différente de celle de l’époque biblique, et que les intérêt sont nécessaires pour rémunérer la prise de risque du prêteur.
D’autres chrétiens pourraient soutenir que prêter de l’argent à intérêt à un frère va à l’encontre des enseignements bibliques sur l’amour du prochain, la générosité et l’entraide au sein de l’Église. Ils pourraient soutenir qu’il est préférable d’aider un frère dans le besoin sans attendre de gain financier en retour.
En fin de compte, la décision de prêter ou non de l’argent à intérêt à un frère dépend de la conscience personnelle du chrétien et de son interprétation des enseignements bibliques. Il est important d’agir avec amour, compassion et générosité, et d’éviter toute exploitation ou oppression financière.
#7 Quelles solutions pratiques pour sortir de l’endettement ?
Voici quelques stratégies clés pour sortir de l’endettement et améliorer sa situation financière :
- Devenir frugal : Adopter un mode de vie plus simple et économe en réduisant les dépenses inutiles, en trouvant des alternatives moins coûteuses permet d’augmenter sa capacité d’épargne, et donc de réduire l’endettement.
- Établir un budget : En analysant ses revenus et dépenses, il est possible de repérer les domaines à réduire ou supprimer.
- Établir un fonds d’urgence : Une épargne d’urgence peut être créée pour faire face aux dépenses inattendues sans qu’il soit nécessaire de contracter de nouvelles dettes.
- Augmenter ses revenus : Des moyens d’accroître les revenus peuvent être trouvés, tels que travailler à temps partiel, vendre des biens inutilisés ou développer de nouvelles compétences.
- Obtenir de l’aide : Un conseiller financier, un expert en crédit ou une organisation d’aide à la gestion des dettes peut être consulté.
Conclusion
Le sujet de la dettes et des prêts dans le contexte chrétien est délicat et complexe. Bien que le recours à l’emprunt puisse être acceptable dans certaines situations, les croyants se doivent d’agir avec prudence, responsabilité et discernement. L’accent doit être mis sur la solidarité, l’équité et l’amour du prochain, tout en esquivant les dangers de l’usure et d’un endettement démesuré.
Dans tous les cas, les chrétiens doivent chercher à adopter des pratiques financières saines, telles que la frugalité, l’épargne, la planification budgétaire et la recherche d’aide lorsque cela est nécessaire, ainsi que de s’aligner sur les valeurs du Royaume de Dieu.
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1 commentaire
Suzanne · 16/05/2023 at 5:11 pm
Merci de soulever ce problème de dette ou usure qui arrive à tout chacun: emprunt lorsqu’on fait face à un manque d’argent. Nous devons nous entraider les uns les autres, lorsqu’ils se trouvent face à un manque d’argent. Malheureusement il y a des gens mal intentionnées qui utilisent l’usure pour s’enrichir sur le dos des pauvres par un intérêt très élevé qui empêche parfois à l’emprunteur de rembourser l’argent.
L’usure doit être abolie car il y a une exploitation de l’autre.